Quelque part entre 1990 & 2020...
L’histoire ne se rĂ©pète pas.
Pourtant, elle piétinait fameusement.
Le héros de la deuxième guerre mondiale avait disparu. Les anciens perdants se partageaient & se disputaient le monde avec leur maître.
L’Europe Ă©tait forteresse. L’immigration restait interdite.
Deux prĂ©textes invoquĂ©s : le manque d’emploi en Europe et le besoin de dĂ©veloppement chez eux.
Personne ne rentrait sauf par filières dites illĂ©gales & tolĂ©rĂ©es ; une main d’oeuvre bon marchĂ© voire gratuite n’est jamais nĂ©gligeable.
Quelques années auparavant, on parquait les candidats réfugiés dans des camps aménagés [1] ; il fallait bien les loger.
Puis, plus personne ne sortait.
Plus besoin d’ailleurs, le tĂ©lĂ©travail, les loisirs & le repos virtuels, la TVnet & tĂ©lĂ©Q.. comblaient les besoins.
Ce qui avait permis une rĂ©volution Ă©cologique : la suppression de l’automobile.
D’autre part, il valait mieux rester chez soi.
A l’aube du XXIème siecle, le travail changeait de nature.
La société du loisir [2] semblait être son nouveau cadre.
Mais quelle fut la parade ?
La société de (auto)contrôle.
La mutation du capitalisme était terminée, la crise structurelle dépassée.
Du rĂ©gime de surconsommation on passait Ă l’autoconsommation.
Il fallait assurer la stabilitĂ© de ce nouvel Ă©quilibre prĂ©caire, avec 30% d’exclus interchangeables.
On nous racontait la crise. On répétait.
Et tout cela est passé sans peine.
L’humain s’autogĂ©rait comme une marchandise.
Dans les années 30, le chômage fournissait les bataillons de choK fascistes.
Dans les années 90, les allocataires fournirent les nouveaux stakhanovistes [3] du travail, encore appelés les dumpeurs [4] .
La force de travail Ă©tant devenue prĂ©carisĂ©e, l’idĂ©ologie dominante avait permit qu’elle paraisse facultative.
Aussi, une allocation universelle permettait de survivre et assurait pĂ©rennitĂ© Ă l’instabilitĂ©.
Les détenteurs des moyens de production étaient délocalisés [5].
Toute alternative semblait inconcevable.
Devant l’aberration sans issue, le système appelait pour son maintien Ă .. Un cyberEtat autocontrĂ´lĂ©, pourvoyeur d’ordre, de sĂ©curitĂ©, de travail et de variĂ©tĂ©s.
Et tout était déjà en place :
les équipes multidisciplinaires de neurothérapeutes, accompagné de sociologues, biologistes..
Des années de recherche sur le comportement humain.
L’idĂ©ologie de ‘l’autre est un con’ Ă laquelle la PublicitĂ© participait largement. L’individualisme ambiant. Le besoin de sĂ©curitĂ© permanente d’un rĂ©gime par essence instable. Le rĂ©gime des castes. Le système de l’entonnoir. La culture d’entreprise & l’idĂ©ologie de la compĂ©tence.
On avait préservé la S.S. [6] pour les personnes responsables.
Les nains on les piquait. Les vieux aussi mais Ă aut’chose.
Les jeunes le faisaient tout seul. Les chromosomes clonés.
Les anomalies avortées. Les embryons filmés & fichés.
Le choix du sexe, des maladies..
Vous le préférez blond ou chauve ? Un pied ou quatre bras ?
Non pas besoin d’aller plus loin, on avait.. l’autocontrĂ´le, la culpabilitĂ© & le jugement, l’autodĂ©lation, et..
l’Organisme de PrĂ©servation de la SantĂ© Publique, Physique & Mentale (OPSPPM).
Toute violence devient barbare. Elle Ă©tait soit oeuvre d’un psychopathe, soit d’un dysfonctionnement Ă corriger. Les injustices d’un système aveugle devenaient inhĂ©rentes Ă la nature humaine. En dĂ©mocratie, on se fâche pas, on vote. On votait pour tout par rĂ©fĂ©rendum Ă©lectroniKĂ© prĂ©dĂ©terminĂ©. Quand une usine fermait dans un secteur, si les travailleurs rĂ©sistaient : ils Ă©taient toujours rééduquĂ©s au chĂ´mage pour comportements jugĂ©s irraisonnables ou dangereux. Un ouvrier s’insurgeait violemment contre les conditions de travail. Il Ă©tait virĂ© avec bĂ©nĂ©diction des syndicats et bĂ©nĂ©ficiait d’un accompagnement psychiatrique. On parlait aussi d’astreintes, 3 millions par jour de grève quand on en gagnait 20 milles net. Ça fait rĂ©flĂ©chir.
Les gĂ©nĂ©rations neuves avaient l’oubli en tĂŞte. Pour l’alternative c’Ă©tait moins clair. Mais une dernière difficultĂ© restait Ă gĂ©rer pour le système : un certain comportement humain spontanĂ© & les contradictions internes Ă chaque humain.