Document de discussion du Mouvement pour le Renouveau Syndical (MRS)
Ce document de discussion a été rédigé par le Mouvement pour le Renouveau Syndical, composé de la délégation des Forges de Clabecq et de délégués de tout le pays.
Le Mouvement pour le Renouveau Syndical est issu de la Marche multicolore pour l’emploi, le 2 février à Tubize.
Notre société est régie par un système économique qui s’appelle le capitalisme. Les patrons possèdent les moyens de production et de ce fait, ils peuvent s’approprier toutes les richesses qui sont produites par les travailleurs. Ce système a pour but de réaliser le maximum de bénéfices. Il ne s’intéresse pas aux valeurs humaines ni au respect de la nature. La société capitaliste est une société au sein de laquelle une minorité vit de l’exploitation de la classe ouvrière et du tiers monde. Elle provoque l’exclusion, la misère, le chômage et toutes autres formes de dégénérescence (drogues, criminalité, pédophilie...).
Le système n’a pas pour but de satisfaire les besoins de l’humanité. La preuve en est fournie par le fait que les richesses produites ne sont pas accessibles à la majorité de l’humanité. Afin de survivre, il détruit les moyens de production, ferme les entreprises, détruit les vignobles, jette le lait à l’égout.
Pour défendre ses privilèges et pouvoir poursuivre l’exploitation des travailleurs, le système s’est équipé de structures telles la gendarmerie et l’appareil judiciaire et il s’est entouré des médias et d’un système politique voué à sa cause. Le capitalisme a besoin du mensonge et de la tromperie pour cacher qu’il est basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme. Les intérêts du capital et ceux du travail sont antagonistes. C’est pourquoi la lutte entre ces deux classes n’a jamais cessé de se développer et qu’elle est le moteur de tout progrès social. Ceci signifie qu’une politique qui ne développe pas consciemment la lutte des classes est une politique qui entend laisser se poursuivre l’exploitation de la classe ouvrière et la destruction des ressources naturelles.
Quel syndicalisme voulons-nous ?
Une des formes sur laquelle a débouché l’organisation des travailleurs, c’est le syndicat. Le rôle des militants qui s’inspiraient de la lutte des classes a été d’une signification particulièrement importante pour les acquis sociaux. La bourgeoisie et ses partis, qui ont pris conscience du danger que représentaient ces associations, sont parvenus à mettre la main sur leur structure dirigeante et à en faire un instrument de concertation entre le monde patronal et les travailleurs.
Aujourd’hui, deux tendances s’opposent au sein du syndicat.
1. La première, qui en principe obéit aux structures financières, politiques et patronales et à toutes les règles de l’économie capitaliste (compétitivité, rentabilité, etc.), croit quelle va résoudre les problèmes par des compromis avec le monde patronal et le gouvernement (concertation). Elle accepte en permanence la régression sociale (démantelement de l’index, pertes de salaire, destruction de la sécurité sociale, acceptation des emplois dévalués, licenciements et fermetures d’entreprises ... ). Tout ceci au nom du réalisme économique. Cette tendance se nourrit des liens qui existent entre les structures syndicales, politiques, financières et étatiques. Elle exclut les travailleurs de la participation aux décisions, elle conduit au fatalisme et à la sujetion.
2. Le renouveau syndical est la tendance qui lutte afin que l’économie soit au service des travailleurs. Nous voulons une société au sein de laquelle personne ne vit de l’exploitation des autres. Chaque citoyen doit participer (travailler) à la production de marchandises et de services afin d’être à même de pourvoir aux besoins de la collectivité. Tout ceci en tenant compte des possibilités physiques et intellectuelles de chacun.
Bâtir une économie politique et sociale où l’homme revêt la première place exige un contexte général et matériel qui soit adapté. Ceci tient en ce que les moyens de production (machines, outils de travail, entreprises, etc.) et les richesses appartiennent à la communauté et soient gérés dans l’intérêt de la collectivité et dans le respect de la nature. Au cours de ces cinquante dernières années, les capitalistes ont accéléré de façon désastreuse le pillage des ressources naturelles et causé des dégats sans précédent dans l’écosystème.
Il est impensable de vouloir combattre le système patronal d’une part et d’autre part d’accepter l’existence de méthodes patronales au sein du syndicat.
Une nouvelle pratique syndicale
On doit commencer par l’étude de l’histoire des travailleurs (la vraie) afin de pouvoir de cette façcon s’épanouir et devenir participatif. On doit s’arroger le droit de décider et de ne plus accepter la soumission. L’organisation syndicale doit devenir l’endroit où le débat contradictoire devient le moteur de la recherche de solutions aux problèmes posés. Il faut que se produise un renforcement du processus décisionnel interprofessionnel et les matières spécifiques des centrales professionnelles doivent être ramenées au minimum, dans le but d’en arriver à l’unité des travailleurs.
En cas de conflit important dans une entreprise ou un secteur, un congrès extraordinaire doit être convoqué afin d’organiser la solidarité.
Afin de démocratiser les congrès, il convient de recourir à un langage simple et compréhensible, accessible aux travailleurs et les textes et résolutions doivent avoir un contenu réel. Il faut cesser de parler pour ne rien dire. Il doit y avoir une participation de 80 pour cent de représentants de la base dans les congrés et les structures (comités exécutifs ... ) de façon que le syndicat ne devienne pas une affaire de spécialistes et de professeurs d’université.
Les responsables syndicaux àtous les niveaux, depuis la base jusqu’au sommet, doivent être elus par les travailleurs. Les travailleurs qui défendent la lutte des classes ne peuvent être ecartes de la liste. On doit en terminer avec la pratique qui consiste à ne presenter qu’un seul candidat et qui ne peut déboucher que sur la stérilité de tout débat et la mort de toute evolution de la pensée syndicale.
Afin de faire participer un plus grand nombre de travailleurs, la délégation syndicale doit fonder des comités d’entreprises et des groupes de militants.
Les travailleurs non représentés (chômeurs ... ) doivent disposer de délégations syndicales et avoir le droit d’être représentés dans les congrès et ce, à tous les niveaux de l’organisation syndicale.
Alternative syndicale
1. Pour la défense du travail
La diminution de la durée du temps de travail (32 heures) doit s’effectuer sans perte de salaire direct ou indirect (le salaire étendu à l’INAMI - la sécurité sociale).Cette diminution de la durée du temps de travail doit absolument aller de pair avec une embauche compensatoire et ceci, dans le cadre de contrats de travail respectant tous les droits conventionnels. Cette diminution ne peut pas être neutralisée par des heures supplementaires ni par un accroissement de la flexibilite. Tout ceci ne peut s’averer utile que si nous reussissons à faire cesser les fermetures d’entreprises et les licenciements.
2. Le respect du contrat de travail
Le contrat de travail est l’une des conquêtes les plus importantes. Le développement de la sous-traitance, du travail intérimaire et des statuts bidon sert àbriser la cohesion de la classe ouvrière, à diminuer les salaires et àaugmenter encore l’exploitation. Tous ces emplois doivent être transformés en emplois àpart entière nantis d’un contrat àdurée indéterminée et directement liés àune entreprise, privée ou publique. Tous les emplois doivent correspondre au principe du "Salaire égal pour un travail égal", afin d’éliminer la discrimination entre hommes et femmes ou entre jeunes et personnes plus agées. Tous les emplois, privés ou publics, doivent être accessibles à tous les citoyens, sans distinction de sexe, de nationalité ou d’âge.
3. Les services publics
Le roi Léopold II a un jour soumis les salaires à un prélèvement afin de financer la construction des chemins de fer. C’est un exemple de la façcon dont les travailleurs ont payé les services publics. Ceux-ci appartiennent à la communauté et ne peuvent être vendus ou bazardés au capital privé. Il doit y avoir une réappropriation des services publics qui sont vendus. Tous les travailleurs doivent avoir accès aux transports publics, aux télécommunications, à l’énergie (chauffage), à l’eau courante, à l’administration, aux soins de santé, aux creches, aux maisons de repos, etc.
4. L’enseignement
Enseignement actuel a été conçu par la bourgeoisie afin de former une main-d’oeuvre compétitivé,
afin d’habituer les gens à l’obéissance et à la soumission à l’exploitation et afin de procéder à la reproduction de la hiérarchie sociale.
Enseignement doit permettre àchacun d’acquerir
les connaissances qui permettent de dominer
les lois de la nature et de définir la place de chacun
dans la société :
sciences exactes, philosophie, sociologie, histoire (la vraie), littérature, arts plastiques, musique, sport... Enseignement doit habiliter les travailleurs a utiliser leurs connaissances
afin de transformer la nature et la société. La formation ne doit pas demeurer contemplative.
Enseignement doit être public et accessible àtous, il doit laisser assez de temps libre, proposer un encadrement et disposer de moyens nécessaires.
Aujourd’hui, c’est tout sauf le cas.
Enseignement n’est ni libre, ni accessible àtous.
Tout le monde ne dispose pas des moyens financiers
ni du contexte indispensable pour y avoir acces.
5. L’index
L’index est un acquis sur lequel les travailleurs n’auraient jamais dû devoir faire la moindre concession. Afin de maintenir le pouvoir d’achat, l’index et l’indexation doivent être entièrement retablis.
6. La sécurité sociale
La sécurité sociale est l’une des conquêtes sérieuses, née de la solidarité entre les travailleurs. Elle doit être défendue à tout prix. Elle mérite en elle-même tout un débat en profondeur parmi tous les militants syndicaux. Une part toujours plus grande du PIB (Produit Interieur Brut) doit y être consacrée.
Les cotisations des travailleurs doivent être versées intégralement, ce qui veut dire la cotisation sociale des travailleurs augmentée de la part indirecte du salaire que le patron doit payer. Les patrons doivent rembourser toutes les cotisations qu’ils n’ont pas du payer, avec l’approbation du gouvernement. Cet argent (déjà plus de l00 milliards par an) n’a pas servi àcréer de l’emploi mais àenrichir encore davantage les patrons, les financiers et les holdings.
Chomeurs
Il doit être rappele que les chomeurs sont des travailleurs qui ont été exclus de la production des richesses par les patrons et les financiers. Nous constatons ces dernières années que le gouvernement, qui est soumis au monde patronal, promulgue de plus en plus de lois ayant pour but de dépouiller ces travailleurs de leur protection sociale. Ceci met fondamentalement en question le but de la sécurité sociale et aggrave les phenomènes d’exclusion et de pauvreté. Les indemnités de chômage doivent garantir un revenu de remplacement suffisant pour permettre aux travailleurs de pourvoir à leurs besoins, en attendant qu’on leur procure un nouveau travail.
Soins de santé
Vu les connaissances acquises, les moyens technologiques, le nombre de médecins et d’hopitaux, tous payés par le monde du travail, il est inacceptable que certaines personnes n’aient pas librement accès aux soins de santé ou en soient totalement exclues.
Ceci est encore une preuve que les interets du monde financier et patronal sont en conflit avec ceux des travailleurs. Toute personne doit avoir droit à tous les soins de santé nécessaires, toute technique medicale doit être accessible à tout un chacun.
La médecine doit être un instrument au service du peuple.
7 La protection de la nature
Une production qui tient compte de la garantie des richesses naturelles. Par exemple, un programme destine àmettre à l’arrêt toutes les centrales nucléaires, la cessation de la production de tous les produits qui sont dommageables ou qui peuvent être dangereux pour le règne minéral, végétal ou animal.
8. L’appareil d’Etat
Depuis que la bourgeoisie s’est emparée du pouvoir, elle a mis en place un formidable appareil de défense qui s’appelle l’appareil d’Etat.
1. Le gouvernement et ses ministères.
2. L’armée et les Pouvoirs policiers.
3. L’appareil judiciaire, etc.
Une compréhension exacte de cette superstructure du système capitaliste est très importante pour tout militant syndical, afin qu’il ne se trompe pas d’objectif. Cela mérite incontestablement un débat en profondeur.
Un exemple d’actualité : alors que la gendarmerie invoque un manque de moyens pour rechercher et retrouver les enfants disparus, elle ne manque certainement pas de moyens pour agresser les étudiants, les professeurs et les travailleurs quand ceux-ci manifestent pour défendre leurs droits.
9. Le racisme
Les organisations syndicales souffrent sérieusement de cette maladie. En ce qui concerne la FGTB, Francois Jassens, dans chaque congres, s’est toujours opposé de façcon véhémente contre ce mal. La FGTB des Forges de Clabecq a toujours combattu ce phénomène avec beaucoup de fermété. Des débats àce sujet ont été organisés dans tous les réfectoires.
Plus de 75 pour cent du personnel a signé la pétition qui exige les droits égaux pour tous les travailleurs, de sorte que les Forges de Clabecq ont été déclarées comme étant la prernière Entreprise Sans Racisme du pays.
La délégation syndicale est intervenue avec une grande détermination chaque fois que ce phenomène a surgi. Un cadre qui défendait des points de vue xénophobes a été écarté de l’entreprise. Les travailleurs ont fait poursuivre deux militants d’extrème droite qui s’étaient livres àde la propagande en faveur du racisme et du fascisme. Ces militants d’extrème droite ont été condamnés en Cour d’assises.
Cette lutte contre le racisme s’est soldée par un élan de liberté et de militantisme d’une conscience de classe sans précédent.
Pour devenir un véritable militant syndical, on doit commencer par organiser les travailleurs afin de combattre le racisme.
10. Les droits syndicaux
Il est nécessaire que s’établisse un pacte de solidarité entre les délégations syndicales, afin que celles-ci puissent faire appel à la force de la masse pour empêcher les astreintes et toute atteinte aux droits syndicaux, dans quelque entreprise que ce soit.
Droit à l’organisation et droit de contester le système économique, le droit de manifester, également sur la voie publique (attention à la nouvelle loi !).
11. Les medias
Le syndicat doit se pencher sur le rôle des medias dans notre société, car ils sont souvent la courroie de transmission des menteurs. Il convient de fonder un comité de contrôle des medias par les travailleurs, comité qui doit vérifier le respect de la vérité et sa recherche dans la pratique. Des règles déontologiques plus strictes doivent être instaurées qui garantissent le droit des personnes. Ces règles doivent être appliquées de façcon stricte.
12. L’unité des travailleurs
Le concept qui définit le mieux l’unité des travailleurs est l’internationalisme.
Une essence première de cet internationalisme réside dans la défense des travailleurs en tout endroit oû l’on se trouve.
C’est uniquement sur cette base que l’on peut véritablement développer la solidarité internationale des travailleurs.
Le capitalisme et l’impérialisme exploitent les travailleurs et les peuples à l’échelle planetaire.
Le syndicalisme doit développer une solidarité active avec tous ceux qui luttent contre cette exploitation, et ce dans tout endroit de la planète. Afin de développer l’internationalisme, on doit rompre avec le concept raciste et chauvin de la "citadelle européenne".
L’Europe est une création des capitalistes afin de pouvoir s’affirmer face aux patrons américains et japonais. Cette Europe ne peut rien avoir de social car elle a été créee afin d’accentuer l’exploitation des travailleurs et du tiers monde. C’est pourquoi il convient de la désigner par son vrai nom, "l’Europe du capital".
Le concept "Europe sociale" a été invente dans l’intention de saboter la lutte des classes et de semer la confusion chez les travailleurs, en leur faisant espérer que toutes les solutions seront apportées par les capitalistes et leurs structures européennes. C’est la plus grande idiotie du siècle ! Comment l’Europe servirait-elle àsouder l’unité des travailleurs si les patrons et leurs politiciens capitalistes mettent tout en oeuvre pour diviser les travailleurs de notre pays au moyen du fédéralisme et du séparatisme ?