Ce pamphlet résume et se résume, à partir d’une synthèse d’expériences individuellement à collectivement vécues, à une volonté de participer aux mouvements authentiques de pensées, de théories et d’actions, qui tentent de libérer le vivant de vies sans vie, d’une illusion de vie.
Notre écriture échantillonne divers fragments d’écrits (à titre de décor d’intérêts). (Tout a été écrit ; il ne s’agit plus de le réécrire mais de le reformuler tant en est les désirs.)
Des objectifs et des moyens sont parsemés au fil de la lecture. Ils ne sont ni exhaustifs ni suffisants. Ils sont de simples slogans rythmant la lecture et aidant autant à la structuration d’une écriture compréhensible.
Espérant qu’il suscite ou avive la/une vie face à cette/ces vie/s libre/s d’être l’esclave d’un non-sens absurde, d’un néant, et que cesse cette vie sans autre poésie que celle des déchirements. En dépassant une lecture passive, le choix de ce qu’il est écrit vous appartient donc.
Il n’a d’autres ambitions et ne découle d’aucunes prétentions (si ce n’est celle d’être un acteur de la vie).
"En présence de cette double folie des travailleurs, de se tuer de surtravail et de végéter dans l’abstinence, le grand problème de la production capitaliste n’est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces, mais de découvrir des consommateurs, d’exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices" (Lafargue 1883).
Emanant d’une logique de surproduction quasi permanente, le système K a fait loi de la surconsommation par un grand nombre de produits inutiles et dévalués produits en surnombre.
Des paroles et des actes traversent les âges. Ils impriment un quotidien conscient qui n’a rien à envier à une inconscience collective. Une conscience collective autonome se forge pas à pas ; de par ses âges et de ses échecs…
"Tous nos produits sont adultérés pour en faciliter l’écoulement et en abréger l’existence. Notre époque sera appelée l’âge de la falsification, comme les premières époques de l’humanité ont reçu les noms d’âge de pierre, d’âge de bronze, du caractère de leur production" (Lafargue 1883).
Un premier Acte de liberté, parce qu’il perdure encore, est plus vite devenu illusions mensongères que libertés acquises. De même, un deuxième Acte, un système se prétendant fondé sur l’égalité a promulgué les privilèges au prix d’une même illusion qu’il n’a pas révolue. (((Ensemble et à différentes époques, ils n’en ont produit que l’illusion d’un germe qu’ils ont tôt fait d’étouffer. Mais les germes persistent et ne furent qu’une part de notre inspiration expirée.))) = états bourgeois et socialistes une hypocrisie…
"En effet, la falsification, la sophistication, la tromperie, le mensonge, le vol, l’escroquerie sont la trame de la société capitaliste ; les supprimer équivaudrait à la tuer Il ne faut pas s’illusionner : le jour où on tenterait d’introduire dans les rapports sociaux, à tous les degrés et dans tous les plans, une stricte loyauté, une scrupuleuse bonne foi, plus rien ne resterait debout, ni industrie ni commerce, ni banque ..., rien ! rien ! Or, il est évident que, pour mener à bien toutes les opérations louches auxquelles il se livre, le patron ne peut agir seul ; il lui faut des aides, des complices... il les trouve dans ses ouvriers, ses employés" (Pouget 1906).
Au-delà de ses traits de caractère falsificateur, exploiteur et corrupteur, le système K est celui d’une frustration intime et quotidienne noyée dans l’abondance de produits inutiles et étouffée par des consommations compulsives. Le système K est appelé par euphémisme de certains, système du moindre mal ou système du possible, voire du réel.
Or, il n’est pas moins que corruption de tout esprit intime.
"Mais aucun subterfuge ne dissimule désormais l’existence d’une organisation de la souffrance, tributaire d’une organisation sociale fondée sur la répartition des contraintes" (Vaneigem 1967)
Dans nos sociétés, l’horreur perfide n’est plus tant dans l’horrible bête brune, laquelle végète et grogne.
Au-devant, elle réside dans la tendance réelle et systémique à abaisser l’humain à un paramètre dans un bilan et à une consommation forcée qui détermine ce paramètre. Elle demeure dans l’obligation d’un labeur quotidien pour une chimère économique. Elle réclame, d’un fatalisme fanatique et volontaire, la criminalisation de la misère qu’elle génère.
La bête brune n’est ((en sorte abstraite)) qu’une réaction à la corruption de la misère par le système K.
A force de chercher l’avoir, il ne parait plus que des ombres d’êtres. La bête brune s’est métamorphosée. Tant que domine le non-être, assise, elle attend patiemment ? Mais dès le non-être dépassé, elle perd de source sa matière. Elle rejoindra les entrailles de son maître de géniteur K (((et rival d’une barbarie déchue))).
A force de chercher l’être dans la société de l’avoir, il ne paraît qu’un épuisement complice d’un existentialisme tacite.
"Nous sommes au point où la "consommation" saisit toute la vie, où toutes activités s’enchaînent sur le même mode combinatoire, où le chenal des satisfactions est tracé d’avance, heure par heure, où l’"environnement" est total, totalement climatisé, aménagé, culturalisé" (Baudrillard 1970).
La rationalisation de l’économie K contemporaine (mondialisation) nécessite et amène à une autre société de contrôle, une société de l’autre (se/s’y) contrôle. Mais que nous apporte et nous importe cette irrationnelle rationalisation ? Quelle est cette prétention d’une économie qui se veut contrôler les moindres détails de nos vies par son marché tout en prétendant que nous en sommes les acteurs.
"La société [contemporaine] avec sa faculté d’absorption, épuise les contenus antagoniques de l’art en les assimilant. Dans le domaine de la culture, le système totalitaire nouveau se manifeste précisément sous la forme d’un pluralisme harmonieux ; les œuvres et les vérités les plus contradictoires coexistent paisiblement dans l’indifférence" (Marcuse 1968).
"Le propre d’un pouvoir totalitaire était de subordonner les droits de la personne à la raison d’Etat et de diriger la totalité des activités de la société dominée. Tandis que, reposant sur les dogmes de la pensée unique et de la globalisation (mondialisation des rapports économiques et concentration du Kapital), le régime globalitaire subordonne les droits sociaux du citoyen à la raison compétitive et abandonne aux marchés financiers la direction totale de la société dominée" (Intersidérale 1997).
En et par elle, l’humain doit demeurer et devenir une norme contrôlable, un objet contrôlé et un sujet actif du contrôle. ((Il n’est plus question qu’il détraque la machine alors qu’elle est déjà enrayée.)) Génétique, cybernétique, informatique, urbanisme, sociologie, psychologie s’additionnent aux idéologies du mensonge, aux politiques dénaturées, au syndicalisme institutionnalisé et au conformisme endoctriné, et participent au maintien du passé, autant que les anciennes armes de soumission de l’Etat que sont l’enseignement obligatoire, le travail salarié, la police policée, l’armée de profession, les prisons et les institutions "populaires" - tels parlement et mutuelles - et la presse libre.
Les mutuelles ont représentées un bond en avant à une époque où la santé, traduisez la survie, importait peu à messieurs K. Actuellement, en Occident, la survie est sacrifiée, et passe de consommations en surconsommations. Les mutuelles s’y sont transformées en mécanisme de contrôle (par exemple, les mouvements et les migrations de personnes). Le système K les a récupérées en les institutionnalisant, et les rabaisse à une obligation tout en les dévaluant. Ils les poussent ainsi des bras de l’émancipation sociale au champs de contrôle K par l’intermédiaire des assurances et de son assurance abusée.
La presse libre ? Est-ce celle qui répond aux préceptes de rentabilité ? Cette presse est celle du spectacle et du maintien de l’ordre du passé.
L’acceptation du contrôle social et de soi présuppose, comme elle implique, la soumission des sujets policés et leurs aliénations multiples acceptées.
En nous obstruant l’autonomie, notre système K engloutit la vie. Et il accapare des formes de contrôle plus sournoises de plus en plus vicieuses. Il convainc à l’assistance, comme un bien, et en réprime le mal, en décrétant l’irresponsabilité de la personne assistée sensée dès lors responsable.
Au même temps, il fait briller l’illusion d’un pouvoir (de classe) prétendu loi naturelle.
Chaque restriction aux libertés acquises ou tolérées, chaque limitation des droits individuels sont toujours promulgués au nom de la sécurité "collective", de la « société ».
La délégation de pouvoir… comment pourrait-on déléguer ce qui ne nous appartient pas ? Et qui n’appartient plus au prétendu pouvoir, malgré son omnipotence gestion étendue de nos survies.
ETAT AUTORITAIRE
ETAT DE CONTROLE
Aucun de ces trois types d’Etat ne peut être dissocié d’une forme de démocratie (formelle). Chacun offre pour une minorité majoritaire une forme de démocratie.
L’Etat totalitaire approche l’état de dictature, l’Etat autoritaire celui d’état policé, et l’Etat de contrôle celui de l’état policier.
Mais dans ces trois types, la perte de pouvoir (d’Etat/de classe) n’est pas égale.
Dans ces trois types d’Etat, mais non sans paradoxe, le dernier type se rapproche le plus du liberticide.
La pernition y prend la place de la contrainte. L’obligation forcée des uns y fait place à l’obligation pernicieuse : la liberté existe mais son choix est (demeure) absent.
Les contradictions ne sont le seul apanage du régime K. Elles appartiennent plus encore à ses désignés sujets qui subissent plus encore les antagonismes des différentes formes de société K, mais à une échelle compréhensible. En nous, s’opposent les termes désirs et besoin, création et nécessité, passion et ennui, paresse et travail, éthique et morale, émulation et concurrence, plaisir et besognes, tout autant qu’être et avoir s’opposent à vie et survie.
"Les mainteneurs de l’ordre du profit,
des institutions sociales et bourgeoises
qui n’ont jamais travaillé
mais ont entassé grain sur grain des milliards d’ans le
bien volé,
et le maintiennent dans certaines caves de forces
défendues par toute l’humanité,
vont se trouver contraints de rendre leurs énergies
et pour cela de se battre,
et ils ne pourront pas se battre
car c’est leur crémation éternelle qui est au bout de la
guerre, celle-là , apocalyptique qui vient.
C’est pourquoi je crois que le conflit entre l’Amérique et la Russie
fut-il doublé de bombes atomiques,
est peu de chose à coté et en face de l’autre conflit
qui va
tout d’un coup
fuser
entre les mainteneurs d’une humanité digestive
d’une part,
de l’autre
avec l’homme de volonté pure et ses très rares adeptes et suiveurs
mais qui ont la force
sempiternelle
pour eux" (Artaud 1947).