"Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libre" (de La Boétie 1554).
Il ne s’agit en rien d’une forme quelconque d’interactions entre animaux humanisés entraînant un ou des rapports d’objet à sujet, de dominés à soumis, ou même d’autorité à loyauté. Ni de quoique soit de prétendu positif, voire nécessaire, pouvant être relié et dit de ce mot.
De suite, remarquons que le médiocre des pouvoirs ressentis sur le et au quotidien est produit dérivé et subalterne du pouvoir à abolir. Ils agitent encore à notre époque un seul mot creux : la hiérarchie. En bref, ils seraient :
* Le pouvoir arbitraire des forces de l’ordre. Lesquelles sont protégées par la loi K [2]. Devant la loi, un flic vaut toujours plus qu’un plouc, traduisez par un honnête citoyen. Alors qu’un fonctionnaire subalterne doit prêter serment et qu’un parlementaire jouit d’immunité. Elles sont encore protégées par ceux qui faisant "l’opinion publique" travaillent pour un même maître-patron.
Ces forces s’appellent les chiens du Kapital.
* Le pouvoir des petits chefs : patron de café, d’une P.M.E. ou d’un commerce, contremaître privé ou public, responsable de laboratoire et tous fonctionnaires hiérarchiques. Inutiles d’allonger la liste sous peine de vexer tout un monde corrompu dans l’honnêteté. De tous ceux qui pensent exercer une fonction supérieure à leurs désignés subalternes. De l’homme qui crie pour justifier son salaire plus élevé, son incompétence, et oublier son manque à gagner.
Ceux-là sont les morveux du Kapital, ses apprentis sorciers, voire ses suppléants arrivés.
* L’imbu et abus de pouvoir du dit enseignant, du dit thérapeute et de tous ceux imprégnés d’un savoir infime se doivent d’imaginer l’ignorance avant de la juger et après l’avoir diffusée, enseignée et éternisée.
Ceux-ci qui à force d’ennui et de l’enseigner deviennent l’ennuyant régulateur.
L’ensemble de ces produits dérivés sont l’œuvre probable d’humains désabusés, par le passé ou par le futur, mais hors du présent. Ils sont le ciment d’un système du passé.
"L’Etat et l’autorité enlèvent aux masses l’initiative, tuent l’esprit de création et d’activités libres, cultivent en elles la psychologie servile de soumission, d’attente, d’espoir de gravir les échelons sociaux, de confiance aveugle et des guildes, l’illusion de partager l’autorité" (Dielo Trouba 1936).
Bref sont à abolir :
* tous pouvoirs en vigueur dans la société de classe, lesquels expriment les /expressions et réalités des moyens de soumission, de domination et d’exploitation en société K ;
* le moyen d’imposition comme paradigme d’un mode de production et satisfaction des besoins à des collectivités, à des individus et à un monde empêché de naître.
Ce dernier monde détient la gratuité.
Toute tentative de prise de pouvoir ne peut mener à présent qu’à un échec quant à la réalité désirée de nos libérations. Tout pouvoir émane désormais d’un échec persistant. Toutes autorités perpétuent les conditions de nos sacrifices permanents, du quotidien sacrifié.
"L’histoire ne nous pardonnera pas si nous ne prenons pas le pouvoir dès maintenant" (Oulianov 1917). La prise du pouvoir ? Quelle est cette absurdité ? Est-elle encore d’actualité ? Certes... Mais l’histoire ne nous a guère pardonné. Et l’actualité appartient aussi et encore à un monde à enterrer. (boutade à développer)
La révolution ne serait qu’illusion consentie et désillusions ressenties, si elle passait encore par un cours semblable à toutes autres tentatives réanimées.
En fait, l’autre prise de pouvoir nécessaire est bien celle de sa simple annihilation ; et non plus en celle d’une quelconque prise. L’inhibition totale et définitive du pouvoir est la condition de nos ascensions vers le vivant. Sinon, nous attendrons encore les réformes de nos survies privatisées.
La seule prise de pouvoir encore admissible et nécessaire est celle qui supprime de fait les conditions de nos aliénations individuelles. Elle s’exprime et crie à l’arrêt collectif de la dépossession de nos corps. Elle passe par nos autonomies collectives.
Le pouvoir à jeter n’appartient point à la nature qui nous a généré, ni d’ailleurs à une quelconque nature humaine. Il n’est ni plus ni moins qu’un simple produit décadent et dérivé de l’immoralité consommée vivant de par son système en chacun de nous, voire de par ses systèmes successifs.
(intégrer Sade 1795)
"La marchandise a été la meilleure des choses dans le pire des mondes, celui qu’elle a produit" (Vaneigem 1996).
De même, la violence nous est présentée objectivement comme notre nature. Certes... nous ne l’oublierons pas en temps utile sans autant la désirer. A chacun sa peine.
Mais toute de suite d’y objecter subjectivement qu’hormis les violences systémiques & étatiques brutales - des actes de violence gratuite - que sont leurs crises, leurs répressions et leurs guerres, les autres formes de violences quotidiennes, vécues ou médiatisées, et reconnues telles objectivement ne trouvent leurs sources et origines que d’un quotidien violent, subjectivement vécu comme tel et dévoué au travail.
Il n’est point besoin d’y trouver une nature autre que celle du système K. L’humain social-autonome n’y est pour rien ni par le passé ni pour le futur. Dès maintenant, il est encore à créer au présent, en chaque jour du présent.
Par contre, la paresse, qu’une morale immorale a culpabilisé en chacun de nous, est certainement une des sources de vie naturelles de l’humanité. En occident, beaucoup ne sont-ils pas enfants des congés payés ?
Dans un monde qui offrait pour tous la survie au prix de l’exploitation, il était possible ? d’avaler que sans ces conditions nous tomberions dans l’oisiveté vicieuse. Mais dans un monde qui par nécessité de rentabilité sacrifie la survie de tous au prix du mépris de la force de travail de chacun, il faut être drôlement borné pour encore avaler.
Dans la logique de la lutte des classes : "Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante" (Marx & Engels 1848). En d’autres mots, "Les pensées dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des rapports matériels dominants, elles sont ces rapports matériels dominants saisis sous forme d’idées, donc l’expression des rapports qui font d’une classe la classe dominante ; autrement dit, ce sont les idées de sa domination. Les individus qui constituent la classe dominante possèdent, entre autres choses, également une conscience, et en conséquence ils pensent ; pour autant qu’ils dominent en tant que classe et déterminent une époque historique dans toute son ampleur, il va de soi que ces individus dominent dans tous les sens et qu’ils ont une position dominante, entre autres, comme êtres pensants aussi, comme producteurs d’idées, qu’ils règlent la production et la distribution des pensées de leur époque ; leurs idées sont donc les idées dominantes de leur époque" (Marx & Engels 1845).
Les nécessités
Schématiquement et en théories marxiennes partielles, si le prolétariat se voit obligé de prendre le pouvoir, et donc d’imposer sa dictature, c’est :
1. pour prendre possession collective des moyens qui contrôlent la vie de tous, c’est-à -dire les moyens de production et de domination et d’oppression ; en d’autres mots ceux qui assurent une réalité à l’égalité ;
2. afin de posséder les moyens d’agir et de réagir contre la réaction ;
3. pour accélérer l’avènement historique d’un monde sans classe, et donc de la liberté ;
4. protéger la propriété commune des moyens de production, l’égalité du travail et l’égalité dans la répartition des produits.
"L’histoire enseigne qu’aucune classe opprimée n’est parvenue ni n’a pu parvenir à la domination, sans passer par une période de dictature, c’est-à -dire sans conquérir le pouvoir politique et abattre par la force la résistance acharnée, désespérée, qui ne s’arrête devant aucun crime, qu’ont toujours opposée les exploiteurs" (Oulianov 1919).
Les difficultés
Nécessairement, la nouvelle domination, même si au premier temps, peut être de masse - c’est-à -dire une victoire passagère de la Révolution - conserve les moyens dépassés et rejetés de la domination.
De plus, sans victoire mondiale de la nouvelle organisation du système, le nouveau pouvoir est limité dans son action à un cadre local, national, alors qu’il est confronté à une réaction nationale et internationale.
Les moyens de notre asservissement ne peuvent devenir en aucun cas ceux de notre émancipation ; il n’existe pas de libération forcée. D’ailleurs, le mensonge de la guerre de sécession aux USA en est une belle preuve : les noirs conscients s’y nomment nègres (nigger) comme l’état d’esclavage n’y a jamais cessé.
Or, une prise de pouvoir organisée, face à un pouvoir si abject et si injurieux du genre humain et de la nature, nécessite une organisation du pouvoir plus efficace, c’est-à -dire plus disciplinaire, plus autoritaire, etc. Elle est incompatible avec les nécessités créatrices et de dépassement de la démocratie du nouveau système de la révolution sociale. Elle irait à nouveau vers un moins alors qu’elle tente un plus.
Prélude au moyen 4 (MEDIA)
La puissance mensongère et violente des médias de l’ordre K n’est plus à démontrer. Elle reste néanmoins l’élixir prescrit à une consommation de masse. Et pour cause : temps s’éternisant où cette puissance de l’illusion fait répéter, vivre, s’intéresser et se passionner à ce qui ne nous intéresse pas, à ce que nous ne pensons pas et ne vivons point et où temps défile plus vite que dans passion qui s’éternise.
"Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation" (Debord 1967).
L’objectif révolutionnaire prioritaire reste l’arrêt de la reproduction de l’organisation de classe ((appelée autrefois bourgeoise)) et de son système K. Un système dont chacun reste en puissance le fruit aigri, entendez produit, et l’acteur soumis, entendez moteur. Ce produit-moteur nous consume et nous déshérite de notre nature présente et future. Il contemple le passé en détruisant l’avenir.
Insistons, ce pouvoir à supprimer n’est nullement une simple forme d’interaction entre individus vivants en société, et induisant un quelconque rapport innocent de domination/soumission réversible. Ce dernier rapport de pouvoir se vêtit d’autres mots, et répond à d’autres désirs et à d’autres fins, telle la séduction, la jouissance, le rire, les rêves, les fantasmes, etc.
"Le pouvoir politique, à proprement parler, est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre" (Marx & Engels 1848).
La fonction objective du pouvoir officiel a changé.
"Si l’on veut définir l’impérialisme aussi brièvement que possible, il faudrait dire qu’il est le stade monopoliste du capitalisme" (Oulianov 1916). (((ailleurs et suivante)))
Le pouvoir politique, tout en l’édulcorant, poursuit l’évolution entamée. Il se rapproche du simple parasitisme, issue logique de la fonction que lui assigne et lui réserve le système parasitaire établît. Il n’est plus que le paravent complice d’un système qui le dépasse et nous entube. L’Etat national exploiteur est remplacé par un système mondial flou d’exploitation réelle, déguisée et morbide, auquel nous n’aurions apparemment pas de prise et qui émanerait de notre nature organisée et humanisée.
Et les créateurs attendent ? Qu’ont-ils oublié ?
"Nous l’avons vu, la principale base économique de l’impérialisme est le monopole. Ce monopole est capitaliste c’est-à -dire né du capitalisme, et, dans les conditions générales du capitalisme, de la production marchande, de la concurrence, il est en contradiction permanente et sans issue avec ces conditions générales. Néanmoins, comme tout monopole, il engendre inéluctablement une tendance à la stagnation et à la putréfaction" (Oulianov 1916).
L’Etat assure désormais un rôle simplifié de gestion facultative [3] et une pratique de la répression appliquée à une régulation des désordres et à une criminalisation de la misère.
Cela nous simplifie en quelque sorte la tâche : la suppression des classes ne pouvant se réaliser à terme qu’à échelle planétaire.
Du dehors, les illusionnistes s’en foutent de notre avenir terrestre.