Du 21 au 27 juillet se déroule un camp No Border dans les Pouilles, une région où les centres de détention pour immigrés sont nombreux. Environ 500 personnes d’Europe et d’ailleurs sont actuellement à Frassanito pour ce camp No Border à l’initiative du réseau No Border et du Tavolo Migranti du Social Forum Italien
Lundi 21, vers 17 heures, notre bus arrivait au camping de Frassanito ou se tient un camp No Border. Une centaine de personnes était déjà installées. Allemands, Anglais, Grecs, Suisses, Australiens... et des Italiens, principalement du Sud. Dans ce paysage idyllique du Salento, où la mer est transparente et le ciel d’un bleu profond, un nombre incroyable de réfugiés arrive, en particulier de l’Albanie qui se trouve juste en face, dans l’espoir d’une vie meilleure, ou simplement pour sauver leur vie. Pour les accueillir, comme partout dans la Forteresse Europe, des militaires, des grillages et des centres de détention, appelés ici CPT. De tous les CPT d’Italie, celui de San Foca, à quelques km d’ici, est le plus grand et le plus ancien. Il est aussi le symbole de la bataille des mouvements de lutte contre les expulsions et les centres fermes d’Italie car la direction de ce centre, assurée par la curie de Lecce et en particulier par un prêtre nomme Don Cesare Lodeserto, fait actuellement l’objet d’un procès pour violences contre des immigrés et magouilles financières. La Pouille compte à elle seule 5 centres de différents types, des centres de détention aux centres d’identification.
Hier, l’ensemble des participants du camp No Border ont fait une action devant le centre de San Foca. La vision de ce centre, à 10 mètres à peine d’une mer tiède ou les baigneurs prennent le soleil, est insupportable. Enfermés à 8 ou 9 par cellule dans une chaleur suffocante, les demandeurs d’asile voient par les grillages des fenêtres minuscules qui leur servent d’horizon, des familles italiennes du coin, des touristes, des enfants se baigner et profiter de la beauté incroyable du lieu, sans même se douter qu’un centre de détention pour immigrés se trouve juste derrière eux. Cette vision d’horreur a fortement secoué les participants étrangers du No Border. Apres un rassemblement devant le centre, une action de sensibilisation a été organisée sur la plage, à l’aide de filets tendus et de banderoles, formant un espace clos autour des baigneurs susceptible de leur faire prendre conscience de la réalité des personnes enfermées à 10 mètres de là .
Demain, une grosse manifestation est prévue le soir devant le centre de San Foca, tandis que le matin, une action sera menée à Otranto où le centre d’identification se transforme sournoisement en centre de détention.
Une seule connexion Internet existe ici pour tout le camp, et beaucoup étrangers veulent communiquer des infos dans leur pays respectif. Je ne m’attarderai donc pas maintenant et ferai un compte-rendu plus approfondi dans quelques jours.