A l’entrée du camp,
deux jeunes assis à une table, l’air épuisé, nous salue
d’un grognement. Il est près de 3 heures du matin, quelque personnes
tournent encore autour du bar, qui se trouve sous un pont ferroviaire. Dans
notre dos, il y a une mégacasse&démolition qui sommeille,
comme la grande majorité du camp qui est devant nous, sur +- 400 mètres
le long du rhin.
[aussi]
vendredi 8 soir vers 21:30, il doit y avoir plus ou moins 300 tentes, et une
cinquantaine de "mobiles", ce qui doit faire dans les 700 personnes,même
si ce soir, des gens commencent à partir.
(jeudi 7, 08:50)
On n’arrive au "resto
populace" (sic), restaurant qui a fini par être autogéré.
Pas loin, un dazibao où les annonces sont en grande majorité en
allemands et 1 peu en anglais, ça va pas être du gâteau (we
speek english like spanish cow)
Après s’être
servi le petit déjeuner (café très long, mousse de légumes
sur une tartine de pain complet), on rencontre un africain parlant le français.
on lui demande un topo de la semaine, comment s’organisent les actions, etc.
> "Moi non, mais je vais vous trouver un francophone qui est un peu
plus au courant que moi"...
Arrive un parisien, s’asseyant à notre table. Il fait partie du réseau
"No Passaran". Poignées de main. On réitère notre
question :
> "Alors, les camps
Noborder sont des camps autogérés où..."
> "Ok, tu peux faire avance rapide."
> "Ok. Alors, tu trouveras un programme de la semaine, en français,
à l’infopoint, à l’entrée. Chaque jour, il y a une démo
légale. En général, ce sont des rassemblements devant des
endroits "sensibles" dans la problématique de la liberté
de mouvement, des sans papiers, du racisme, etc. Jusqu’à présent,
les actions légales n’ont pas été d’une grande efficacité...
Trop prévisible, trop de flics.
Tous les matins à 9 heures, il y a une réunion des délégué-e-s
des groupes affinitaires. 1 peu plus tard se tient une AG, pas spécialement
à une heure précise, plutôt quand le besoin se fait sentir.
Mais bon, faut s’accrocher, c’est des gens qui défilent au micro pendant
des heures, plus ou moins traduit en anglais, rarement en français.
> "Comment on fait pour connaître les actions "non officielles"
> "Bein, par définition, c’est pas simple. J’ai envie de te dire,
tu te postes à l’entrée, quand tu vois un groupe où les
tronches te reviennent, tu t’intègres au groupe. Mais bon, c’est pas
évident, y’a une parano latente.
[vidéos des actions]
: www.kanalb.de / kurzdoku AZR (par ex.)
En fait, quand tu viens
d’arriver, faut te faire "assimiler" tacitement, que les gens reconnaissent
ta tête. Aux premières heures de notre arrivée, c’était
difficile de filmer sans qu’une personne vienne te trouver pour te demander
qui on est & ce qu’on filme.
> " Dans le fond
du camp, après les mobile-homes, tu as les tentes de IMC lille et nantes"...
Vous connaissiez No Passaran ?"
> "1 peu... Surtout de réputation. On a logé 2 de
chez vous lors du contre-sommet de laeken, en décembre 2001."
> "Indymedia ?
> "A moitié,
Il fait 35 degrés
à l´ombre, autant dire que ça ne donne pas beaucoup d´imagination,
ça rendrait même un peu amorphe. Il a fallu une journée
pour s’y habituer.
Le nombre de participant-e-s ;
(nous n´avions jamais été à un Noborder) peu élevé,
nous a surpris, pour un pays comme l´allemagne, ça nous parait
quand même un peu court (+-700 pers.). C’est effectivement le même
nombre qu’à Salento, en Italie. (< [aussi]
& [aussi]
>).
Un petit problème
a épingler est aussi le manque de traduction, surtout au niveau de la
littérature (il existe un journal du camp), c´est difficile de
saisir correctement ce qu’il se passe ici, et ce manque de feed back empêche
de s’intégrer de façon rapide... On parle beaucoup autour de soi,
mais souvent pour demander des banalités logistiques.
La police est omniprésente,
des camionnettes tournent autour du camps jour et nuit, et elles stationnent
la journée ou encore suivent les petits groupes de gens. On a cru comprendre
sur l’IMC allemand qu’il y aurait 2500 policiers mobilisés dans les moments
"critiques".
Un cordon policiers entoure
"in extenso" chaque rassemblement. C´est assez "provoquant",
pour un belge, vu que chez nous, en générale, les flics rappliquent
quand ça commence a dégénérer. Ici, ils sont la,
et - t’empêche plus ou moins, de sortir de la manif. Exactement
le contraire de chez nous ; ici, tu peux rentrer dans une manif, mais pas en
sortir ...[aussi]
(jeudi 7, 13:00)
Une action légale
est prévue dans le centre de Cologne, il s´agit d´un meeting
contre la violence raciste de la police lors des contrôles. Nous essayons
d’avoir des infos sur l’action illégale mais personne n’est très
bavard, et lorsqu’on pose la question à un petit groupe quittant le camp,
il nous renvoi à l’infopoint. Seulement voilà, l’action, elle
est tellement illégale et tellement secrète qu’à l’infopoint,
ils n’ont aucune... infos.
On va aller faire une
action en marge de la démo légale tout à l’heure. On va
foutre le souk dans la gare, à coup de fanfare et de blocage sympa. C’est
la gare où il y a énormément de contrôles racistes
de la part des flics. La démo officielle, sous le même thème
a lieu devant la cathédrale, à côté de la gare, 1
heure après.
[récits
des actions illégales]
Vers 13h, nous décidons
d’aller à l’action légale. Par petits groupes, et dans plusieurs
directions, les militant-e-s se rendent au point de rendez-vous, qui est la
Cathédrale de Cologne, près de la gare centrale. Nous longeons
le rhin. Tous les 2-300 mètres, il y a une camionnette de la polizei.
ILLes ont l’air plus accaparé par la recherche d’un coin d’ombre qu’autre
chose. RAS.
Au troisième pont,
nous passons le rhin et arrivons dans le centre ville. Nous déambulons
sans trop savoir où se trouve la place que l’on cherche... Puis,
miracle, apparaît dans le ciel un hélicoptère. On le voit
se balader, puis s’arrêter net. Il n’y a plus qu’à se rapprocher
du point de vue de l’hélico, et... arriver sur la place où
les gens se sont rassemblés. Merci la police.
Sur ce parvis, il y a environ
500 personnes, la plupart venant du camps. Quelques sont "déguisé-e-s"
genre "Pink", il y a une fanfare "Blue blok", assez similaire
au pink d’ailleurs, sans être "transgenre"(& pas la même
couleur ;). La plupart des gens sont (en relativisant toujours les étiquettes)
"autonome", travellers ou urbains. De petites actions de sensibilisation
se déroulent, pendant que des militant-e-s distribuent des tracts aux
passants. Très vite le cordon policier se met en branle alors qu´il
ne se passe absolument rien de dangereux, et il ressert tellement le groupe,
que les badauds, touristes et autre ne savent plus accéder au parvis
Bref, ils nous isolent. Pendant ce temps, à l´aide d´un petit
sound system, des africains témoignent de leur condition de vie en allemagne,
des contrôles de police incessants et violents, traduit en anglais et
français etc., Les participant-e-s écoutent les témoignages,
écrasé-e-s par la chaleur et la promiscuité de la police,
qui est d’ailleurs insultée en permanence. Pas d´incidents a déplorer,
sinon une petite bousculade avec un collectif qui faisait un match de rugby
festif...++++
Vers 16h, le rassemblement
démarre en relative street party vers la prison de Cologne, ou plutôt...
vers une station de métro qui nous y emmènera. Le cortège
a quelque peu grossi depuis, et nous déambulons dans le centre de Cologne,
toujours entouré-e-s d´un cordon de flics, en scandant des slogans
sur la liberté de circulation des personnes (quelle provocation), l´antiracisme,
l´anticapitalisme, la violence policière (et de l’intimidation
continuelle< ndlr >)
Arrivé à la
station de métro, un petit échauffourée a lieu, une bousculade
suite à une arrestation qu’on a pas vu... Des allemand-e-s nous expliquent
que les flics filment continuellement les actions et il n’est pas rare qu’iLLes
fassent des regroupements d’images, et ensuite iLLes essayent de repérer
les gens & les arrêter. La tension se relâche assez vite. Nous
descendons à 3-400 dans le métro pour nous rendre à la
prison. Là, un important dispositif policier nous y attends, avec barrières
nadar déployées autour de l´entrée de la prison.
Est également présent un sound system où un groupe hip
hop allemand, < Microphone Maffia >, fera un concert pour les manifestant-e-s,
et bien sûr pour les détenu-e-s. C´est une des plus grandes
prisons d´allemagne, avec paraît-il un fort pourcentage de sans
papiers. Sont-iLLes là pour un délit ou simplement pour le fait
de ne pas être en règle ?, on ne sait pas.
Le rassemblement durera
2-3 heures dans un ridicule face à face avec la police. En première
ligne, des manifestant-e-s ont déployé des calicots qu’iLLes tiennent
à hauteur d’humain, bouchant ainsi le champ de vision aux robots &
à leurs caméras. Après le concert et quelques discours,
nous rentrons gentiment au camp par le métro. Notre premier jour d’action
à Cologne = bof.
(vendredi 8, le
matin)
Il y a une grosse majorité
d’allemand-e-s. La moyenne d’âge doit être dans les 25 ans. On peut
signaler un petit 10% de francophones. Avons repéré un petit groupe
d’anglais et d’italiens. Le camp se réveille vers 8 heures et déjà
en cuisine un groupe d’une dizaine de personnes s’activent à préparer
petits déjeuner et bouffe de midi. La logistique est classique par rapport
à un camp Noglobal. Infopoint, mediacenter, medicalteam, toilettes chimiques,
douches et flics en civil...
Cet après-midi, il
y a une manifestation à Bonn devant la IOM [la IOM réalise
aussi des recrutements de main-d’Å“uvre comme par exemple de l’Equador pour
le marché de travail espagnol. Le réseau international de Noborder
(le »noborder-Netzwerk« ) a lancé la campagne mondiale contre
la IOM. Cela est une raison de plus de rendre énergiquement visite au
bureau central de la IOM en Allemagne qui se trouve tout près à
Bonn/Bad Godesberg !]. La matinée est celle d’une matinée
classique. File devant la cuisine, file devant les douches, petits groupes qui
complotent dans les coins, réalisations de calicots, etc.
En fin de matinée,
une dizaine de combis polizei arrivent en trompe devant l’entrée du camp,
des flics en sortent et se déguisent en robots en 2 temps 3 mouvements.
Il ne faudra pas plus de temps pour que se rassemblent 2-3 cents personnes face
à eux. Nous allons jeter un oeil. Résumé de la matinée
: Le campement est, comme nous l’avons dit, en bordure du rhin et est installé
sur un halage où passent promeneurs et joggeurs. Ce matin, serait passé
par là un motard de la polizei visiblement pas au courant que l’endroit,
devenu zone libérée, lui était momentanément interdit.
Une petite altercation aurait eu lieu avec de vaillant-e-s défenseur-e-s
du lieu, et, d’après les dires du flic, on lui aurait subtiliser une
caméra. Tout ça, on l’aura appris plus tard, et on a toujours
pas compris pourquoi la police est venue rouler des mécaniques en tenue
de combat pendant un quart d’heure pour ensuite se barrer, ... sans caméra.
Cette caméra, elle va d’ailleurs nous pourrir la vie, jusqu’à
la fermeture du camp.
On annonce au micro qu’il
y a deux RER, respectivement à 11h06 et à 11h36 de l’autre côté
du rhin qui se rendent à Bonn. La démo démarre à
13h. Relativement peu de gens partent vers 11h moins quart pour le premier,
mais vers 11h15, nous sommes plusieurs centaines à emprunter le pont
ferroviaire & piétonnier pour nous rendre à l’arrêt.
Puis, bardaf, au milieu du pont, une info alarmiste circule ; les verts vont
revenir dans 10 min perquisitionner le camp. La foule rentre donc dare-dare
au camp. Nous faisons de même. Puis, dans l’attente, le doute s’installe.
Les 10 minutes passent et repassent et pas de descente en vue... Puis d’abord,
a-t-on réellement volé une caméra ? Si c’est le cas, prévenir
que l’on va perquisitionner, genre dépêchez-vous de planquer le
matos, ça ne tient pas vraiment la route. Pour certains d’entre nous,
ça paraît clair, iLLes veulent nous empêcher d’aller à
Bonne. & c’est réussi. Ou alors, iLLes ont besoin d’un mandat de
perquisition et ça traîne...
Vers 12h30, une nouvelle
annonce au micro, où l’on conseille à ceux qui veulent se rendre
à la démo de Bonn qu’il est encore temps, mais peu de gens réagissent.
Au final, nous seront une cinquantaine à passer le pont où, de
l’autre côté, des flics nous attendent gentiment. Arrivé
à l’arrêt du train & après petites discussions, on se
rend compte que tout le monde suit tout le monde et que personne ne sait où
l’on va. La seule infos que nous ayons est l’endroit d’où démarre
la manif, et il est clair qu’elle sera déjà en route quand nous
arriverons. Le RER arrive & nous grimpons dedans. Une demi heure et quelques
stations plus tard, le train tombe en panne. Certain-e-s activistes chez qui
le soleil doit avoir taper rudement nous disent que le chauffeur a probablement
appelé les flics pour nous arrêter ! (effectivement, le train est
resté à l’arrêt 10 bonnes minutes sans avoir la possibilité
de descendre, mais bon...) Le chauffeur demande aux passager-e-s de descendre
et d’attendre le prochain train. Certain-e-s désespèrent, considèrent
que c’est loupé et rebroussent chemin. Nous serons une trentaine à
arriver à Bonn, vers 14h/14h30.
En sortant de la station,
sommes 1 peu paumé, alors on cherche l’IOM, le lieu de départ
de la manif, histoire d’avoir un but. Puis, miracle, on voit un hélicoptère,
on se dit super, on a qu’à le suivre, comme hier. Hélas, c’est
la situation inverse... C’est lui qui nous suit. Puis, comme par enchantement,
on voit à un carrefour 1 peu plus loin, 2-3 camionnettes vertes bloquer
le passage. On court dans leur direction pour voir arriver la démo. 3-400
personnes, tout au plus, dans la même configuration que la démo
de la vieille. Mêmes calicots, mêmes slogans, mêmes têtes.
Mais bon, on est quand même content de trouver nos ami-e-s après
deux heures de suée intense dans ces train sans clim’. Nous devons faire,
au pif, un bon 300 mètres avant d’arriver devant une gare & entendre
une annonce du genre : "merci d’avoir participer à la manifestation.
Nous invitons tous les occupant-e-s du Noborder à rejoindre au plus vite
le campement ; une perquisition de la police est à craindre... (sans
blague). Nous, on reste positif, on voit du pays, puis les longs trajets en
train, ça permets de discuter avec nos nouv-eaux-elles ami-e-s.
De retour vers 16h, nous
marchons sur le pont en se demandant si le camp n’est pas à feu &
à sang. Mais Tout Est Normal. On a plus qu’à attendre la soirée
électro... ou une éventuelle descente de la polizei. Cette
fin d’après midi oisive nous a permis de rencontrer un cama de IMC Lille.
On s’est mis à causer de nos projets respectifs. Il avait entendus que
nous travaillons sur un imc local. Nous lui expliquons, qu’outre l’envie d’un
site plus coloré, la démarche de notre groupe affinitaires est
plus orienté sur le biopolitique & la politique festive, ILLes embrayent
sur légendaire problème avec un < parti stalinien :<>
[Ã ce sujet]
La raison de leur curiosité
était dû au fait qu’en france, les partis "communiste"
ne se soucie pas des imc, et restent dans leurs sphère d’influence. Pas
par dédain, mais par ignorance de ce qu’implique un projet comme indymedia...
A part peut-être la lcr & encore...
Le soir, il y a d’un côté
des projections de films thématiques, de l’autre une soirée électro
organisée avec des artistes du label < sonig > entr’autres. Les
bénéfices du bar iront dans les cautions à payer pour libérer
le(s) (? ?) dernier-e-s prisonnier-e-s.
Sociologiquement
parlant, c’était rigolos de repérer les gens ne faisant pas partie
du camp. Non seulement, les tenues étaient différentes, plus technoïdes,
allons-nous dire, mais ce qui frappait encore plus, c’est cette odeur de parfum
qui a soudainement emplit la grande tente où se déroulait la freeparty.
Bien
que fans de musique électronique, à 1h, nous nous sommes résolu
à aller dormir ; le lendemain avait lieu la manif des nazis de < pro-köln
>. A 11h, partait du camp une contre manif.
(samedi 9, 09:45)
1 blob & moi-même décidons de nous rendre au Lidl© du quartier afin d’y acquérir une bouteille de vin blanc, fidèle alliée ayant fait ses preuves lors des actions à Genova (par pitié, pas de débat sur le fait de boire de l’alcool avant le déjeuner/dîner ;). C’est en revenant au camp (10:15) qu’on se dit qu’on aurait mieux fait de prendre 2 bouteilles... Sur au moins 300 mètres dans une rue parallèle à celle où se trouve notre entrée, une cinquantaine de combis se garent et au moins 200 flics sautent des véhicules et s’habillent en robots avec plein d’entrain, 1 peu comme dans les films américain quand ça va être l’action finale. Certains combis sont déguisé en Head quarter, avec des mecs en costard (vert) assis à une table devant une carte, écouteurs sur la tête. Et nous, on rentre au camp en essayant de se faire le plus discret possible & ne pas marcher sur 1 flic tellement y’en a. A peine arrivons nous à notre point de départ que le dispositif se referme sur nous. Le camp est bel et bien assiégé. Nous avons un simulacre de liberté de mouvement sur à peine 100 mètresd’un côté, de l’autre, les escaliers accédants au pont sont squatté par des...flics
(test-jeu : comptez
le nbre de fois où l’on a écrit le mot flic, polizei, etc. Ca
doit être proportionnel au nbre de fois où nous, on l’a entendu
dans les geulophones...)
Sur le pont, des...
mecs&filles habillé-e-s en vert nous filment allègrement,
des robots patrouillent sur les voies de chemin de fer (en effet, hier soir
lors, de l’ag, certaines personnes évoquaient l’idée de de partir
par les voies de chemin de fer). On en repère également sur des
toits dans le quartier. On débouche la bouteille de vin et complotons...
>[on prend une carte
du quartier] "bon, les flics sont là, là, là, là,
là , là, là & là. Qu’est-ce qu’on fait ?, on
va par où ?"
On escalade un talus menant
aux voies de chemin de fer en sachant très bien qu’on va se faire ramasser.
A peine l’un d’entre-nous est en haut que l’on voit des robots courir vers nous.
C’était pour rire, on s’en va.
Ce petit jeu, au demeurant, assez ludique, va échauffer les esprits des
représentant-e-s de l’ordre, peut-être un peu < stressé-e-s
> par 9 jours de critique sur leur fonction de chien de l’Empire. Inversement,
perdre son temps & son énergie avec les flics n’est jamais très
constructif mais empêcher une contre manif antinazi amène systématiquement
à des affrontements avec ceux&celles qui l’interdisent.
(11:30) Nous retournons à l’entrée du camp, au pied du pont où
une attaque aux légumes pourris se prépare. Alors qu’une fanfare
de casseroles improvisée fait un boucan d’enfer, certain-e-s participant-e-s
lancent des fruits & des légumes pourris, des ballons remplis d’eau,
ou (plus rare) aspergent au tuyau les gardien-ne-s de la paix. Le tout dans
une ambiance <festive> & <décontractée>.
Les petits humains verts,
excédés, sortiront à plusieurs reprises de leur tanière
(c’est une tour avec des escaliers montant au pont) pour charger la foule, on
n’a pas vu s’il y a eu des arrestations. Après une bonne heure à
ce petit jeu là, les barrages postés à plusieurs dizaines
de mètres dans les rues adjacentes se mettent à avancer, nous
refoulant à l’intérieur du campement. Trois groupes d’une trentaine
de flics chacun se placent de manières à empêcher toutes
sorties vers le quartier où se déroulent la manif des nazis. Un
groupe de flics se place à l’entrée du camp, prend le contrôle
des arrivées d’eau & les coupe. La bonne centaine de campeu-r-se-s
faisant bloc devant eux sont furieux & les insultent. Sont déployés
en première ligne des calicots & les militant-e-s crient au verts
de se casser. D’un autre côté, le blue blok s’est déployé
et les joyeux-se-s fanfarons joue une samba tendance bavaroise pour souhaiter
la bienvenue à la police. Derrière les chiottes (ça ne
s’invente pas), le dernier < contingent > regarde une petit groupe de
jeunes BB monter une barricade (qui ressemble plus à une sculpture de
joseph beuys). Il est environ 12:30, commence un jeu des plus malsains ;
résumé en fotos
jusqu’Ã +-19:30
Pendant au moins quatre
heures, l’entrée du campement va être confronté à
des intimidations minables et haineuses de la part des gardien-ne-s de la paix.
En jouant sur la surprise, iLLes pénètrent de 10 mètres
à l’intérieur du camp & tente d’arracher les calicots (tous
noués à une corde tendue de part & d’autres de la première
ligne). D’abord, en nous bousculant & en tirant quelques coups d’aérosol
au poivre, puis en dégénérant à coups de matraques
& de poings dans la gueule... pour nous voler nos moyens d’expressions.
On a vu au moins une jeune fille, traînée par terre, être
arrêtée pour avoir voulu sauver un putain de calicot. Pas une seule
fois, un projectile offensif n’a été jeté de notre
part, mais la répression, qui devait être planifiée (?)
est démesurée.
Du haut-parleur, des consignes
sont lancées en allemand, anglais, français :
>"Nous rappelons qu’il est interdit en allemagne de manifester masqué-e,
nous conseillons aux gens masqués de ne pas rester en première
ligne .../... Ne lancez pas de projectiles venant du camp .../...
ne répondez pas à la provocation de la police, restez calme .../...
en cas d’attaque massive, constitution d’un corps autour de la cuisine, etc.
Une ag de crise démarre
vers 16h, on invite à maintes reprises les campeu-r-se-s, de s’éloigner
de l’entrée et participer à l’ag, de ne pas jouer le jeu de la
police, qu’elle ne peut pas rentrer dans le camp. Peu de gens s’en iront et
continuerons le face-à-face. De l’autre côté, le blue blok
continue son travail festif, & ça marche... les robots ont abaissé
leur garde, & l’on voit des gens parler avec eux,...
Cet après-midi là,
on rencontrera d’autres personnes de Lilles & au fur à mesure de
la discussion, on se dit qu’on se ferait bien une petite réunion le soir
pour voir quel rapprochement on pourrait opérer... Inutile de dire,
que cette réunion, on n’aura pas l’occasion de la faire.
Vers 17:30, le camp est
encerclé par au moins 500 flics. On a toujours pas très bien saisi
la nature de cette attaque. Quelques fruits pourris & une sois-disante caméra
volée, c’est un peu juste pour un déploiement pareil. L’ag se
termine & invite tous les participant-e-s à se réunir en bloc
au centre du camp près de la cuisine. Nous, on court dare-dare replier
nos affaires avant de nous rendre à la cuisine. Les flics commencent
à installer des barrières nadar sur tous le périmètre
& invitent les participant-e-s à quitter le camp en passant par le
check point, histoire de prendre leur identité et se faire filmer. Un
tiers des participant-e-s quittera le camp de cette manière. La procédure
prend du temps, & nous tous, on est là, à 400, bien serré-e-s
les un-e-s contre les autres, à se demander à quelle sauce on
va être bouffé.
Vers 20:00 (les heures sont
vraiment approximatives), quand les campeu-r-se-consentant-e-s ont tous été
identifié, les forces de l’ordre ferment le dernier accès et déclarent
que nous sommes tou-te-s en état d’arrestation. Que nous passerons la
nuit en prison, & que nous pourrons venir rechercher nos affaires demain
matin. Le camp devra être vide pour 11 heures. Huées de toutes
part, slogans criés, etc.
Dans le fond du camping,
une rangée d’une centaine de robots avancent en ligne & commencent
à fouiller arbitrairement telle ou telle tente ; ça a de la gueule.
La police ressert ses positions très lentement autour de nous, 2 autopompes
et un blinder léger se mettent en position, comme si iLLes voulaient
nous impressionner...
- "Eh, rambo,
tu la trouves ta caméra !?"
Cette mise en scène
de la guerre globale & permanente va durer des heures. Comme si nous étions
de méchant-e-s terroristes gâvé-e-s au cocktail molotov,
iLLes s’approchent de nous en tortue, grappillant quelques mètres comme
si c’était une victoire chèrement gagnée. Cela masque peut-être
les difficultés face à l’énorme logistique devant se mettre
en place pour arrêter 400 personnes.
Vers 23:00, nous sommes
debout, "enchaîné-e-s" les un-e-s aux autres, la tension
monte ; leur spectacle d’intimidation, il faut le reconnaître, porte ses
fruits. De toutes part, à 2 mètres de notre bloc, un mur de boucliers
et de casques, avec derrière eux des machines de guerre nous aveuglant
avec leurs énormes phares. Inlassablement sont chanté des slogans
sur la liberté de mouvement des peuples, sur la solidarité avec
les sans papiers, des insultes envers la police, ainsi que des slogans en allemand(?)...
Alors que semble indiqué
que ça va dégénérer, une mandataire verte (les autres)
s’interpose entre nous & la police en nous demandant de ne pas user de violence
pour se défendre. Que l’attitude de la police durant ce camp était
inadmissible & qu’elle ne manquerait pas d’interpeller la parlement à
ce sujet.
Huées & rires des < anarchistes >, applaudissements des <
réformistes >, air perplexe pour les autres. Comme cavalerie, c’est
1 peu juste.
Quelques dizaines de minutes
plus tard, la police entre en action. Leur technique est simple ; couper le bloc
en 2 morceaux. A coups de matraque & de poings dans la gueule, une rangée
de robots sectionnent notre groupe en moins de 3 minutes. L’ambiance devient
réellement malsaine, on sent chez certains flics ; de la vengeance, après
plusieurs jours, on finit par les reconnaître...
1 des 2 morceaux commence
à se faire vider. De notre blok, on ne voit pas très bien comment
s’opère la chose. Certain-e-s résistent, d’autres pas. De notre
côté, des < bastons de regard > ont lieu de toutes parts.
& tous l’monde a l’air fatigué-e-s, excepté quelques psychopathes
qui jouent encore avec leur matraque.
Les heures passent, ça se détends dans notre groupe & chez
nos assaillant-e-s. ILLes gardent leur position mais enlèvent leur déguisement,
certain-e-s chez nous s’assied ou se couchent. Puis, miracle des conventions
de genève !, des vivres commencent à circuler. Ca ressemble à
des restes de notre cuisine, mais d’où on est, impossible de savoir.
Petite euphorie à chaque fois qu’une nouvelle caisse arrive. On demande
de la bière, des clopes,... Des instruments de musique apparaissent
d’on ne sait où, des concerts improvisés démarrent. On
oublierait presque que nous sommes en état d’arrestation ; vers 02:00,
c’est notre bloc qui se fait vider. La plupart d’entre-nous décident
de ne pas résister & se laissent emmener. Certain-e-s vont se faire
filmer dans une tente, d’autres vont directement vers les bus prévus
à cet effet en dehors du camp.
fotos du reste de l’opération policière
Il est plus ou moins 3 heures
moins quart quant je me fais arrêter par un ours plus ou moins sympathique.
En chemin, il me demande mon passeport, qu’il me rend, une fois arrivé
en dehors du camp sous le pont. Nous sommes une vingtaine à attendre
une place dans un bus, qui se suivent, pare-chocs contre pare-chocs. Ici ; c’est
un peu les coulisses du spectacle qu’iLLes sont en train de donner 1 peu plus
loin. Y’a des flics qui fument des clopes & qui rigolent, du catering qui
passe, etc. Avant de monter dans le bus, on me fouille. On ouvre une grille
puis il y un couloir avec sur ses flancs des cellules. Tu te retrouves à
quatre dans une boite, genoux contre genoux, épaule contre épaule.
On fait connaissance ; 1 jeune punk de stuttgard, et 2 jeunes de francfort. On
s’échangera quelques banalités sur les us & coutumes des flics
dans nos pays respectifs avant d’être assommés par la chaleur &
la puanteur que nos corps dégagent. On se réveille au moment où
le bus démarre, ainsi que la climatisation. Il y a une petite fenêtre
où l’on regarde ce qui se passe dehors. On voit un paquet de flics puis
plus rien, on quitte la ville & on prend de la vitesse. On roulera pendant
une demi-heure plus ou moins.
Puis on arrive dans l’enceinte
de la prison, & là, iLLes nous font poireauter au moins deux heures
dans notre boite, avec la porte entrouverte. On voit des flics passer &
repasser dans le couloir du bus. A chaque fois, on interpelle l’un-e ou l’autre
pour demander un clope, & à chaque fois iLLes répondent qu’on
ne peut pas fumer. De temps à autre, on voit passer une tête d’une
porte entrouverte, la plupart des gens dans ce bus sont de jeunes filles avec
des peintures de guerre faites à la suie. & la plupart ont l’air
de se connaître. & moi, je me demande bien où sont les autres,
on s’était promis que dès qu’un de nous serait arrêté,
les autres feraient des pieds & des mains pour suivre.
Après un temps qui
me parait une éternité, des flics viennent nous chercher, nous
font descendre & nous emmène dans un grand entrepôt où
une dizaine de pc sont installés, reliés à des caméras.
On passera tous devant avant de passer devant un inspecteur assis à un
bureau, toujours dans le même entrepôt. Le flic ne lève même
pas la tête, encode ton nom dans sa machine, puis te fait signe que tu
peux partir. Tout ça pour ça, c’est lamentable.
ILLes nous font monter dans un bus accordéon type service public, &
c’est en démarrant qu’on comprend le pot qu’on a. Le bus roule au pas
devant des cages surpeuplées où on reconnaît nos ami-e-s
campeu-r-se-s. Visiblement, il n’y a plus de place. Dernier-e-s arrivé-e-s,
permier-e-s parti-e-s. Il est 05:30.
Arrivé-e-s au camp, on est reçu triomphalement par les 50 survivant-e-s
complètement bourré-e-s. Je vois un gars tituber fièrement
avec un bouclier & une matraque. Mes camas m’accueillent avec de la bière,
de la vodka et des clopes... cool.
Le temps de faire une petite
sieste, de ramasser quelques crasses, de faire 2-3 vaisselles, & de saluer
des gens ; vers 10:30, on charge la voiture pour retourner d’où on vient.
En démarrant, on croise les premiers combis qui viennent probablement
jeter un Å“il avant l’ultimatum de 11:00. Inutile de dire que le camps est
loin d’être replié.