Il n’y a pas d’espaces vides
Il n’y a que des espaces prisonniers .
Prisonniers de la spéculation immobilière
Prisonniers de l’incompétence administrative de certains pouvoirs publics
Prisonniers de guéguerres politico-politichiennes
Prisonniers d’une politique territoriale qui favorise la désertification des campagnes
Qui favorise également la désertification des villes
Enfin qui encourage le développement de banlieues-ghettos infinies .
Par ghetto, nous n’entendons pas seulement ghettos de pauvres, mais ghettos de riches, ghettos de musulmans, ghettos de gitans et encore ghettos de vieux, etc., tous regroupements identitaires plus ou moins assumés par la République .
Il n’y a pas d’espaces vides
Il n’y a que des espaces prisonniers
C’est en cela que le mouvement des artistes-squatteurs est un mouvement de libération. De libération des espaces prisonniers. Qu’un espace prisonnier soit, par la présence d’artistes-squatteurs, libéré ; qu’il soit libéré pendant deux heures, deux jours, deux mois ou deux ans, peu importe, le fait le plus important est qu’il ait été libéré : qu’il ait connu le goà »t de la liberté.
Car qui a su le goà »t de la liberté ne peut jamais l’oublier .
Il n’y a pas d’espaces vides
Il n’y a que des espaces prisonniers
Lorsque l’on sait à combien de sociétés de gardiennages font appel les propriétaires privés et publics pour empêcher que des intrus pénètrent dans des lieux inoccupés, on mesure à la fois les sommes d’argent astronomiques qui sont dépensées pour empêcher qu’il se passe quoi que ce soit et par la même occasion les sommes d’argent astronomiques qui ne sont pas dépensées afin qu’il se passe quelque chose.
Lorsque l’on comprend - avec un certain effroi- que si, dans 99% des cas, les pouvoirs publics refusent de légaliser les alternatives culturelles présentées par les squarteurs, c’est parce qu’ils on précisément peur de créer un précédent
précédent dans lequel pourraient s’engouffrer des générations ...-, on comprend que ce qui motive une partie des politiques culturelles en vigueur, c’est la peur ...et rien d’autre .
La peur ! ça fait peur ! on avait pressenti depuis longtemps que ce n’était ni les rêves, ni les désirs ni même encore les illusions qui guidaient les politiques culturelles)
Il n’y a pas d’espaces vides
Il n’y a que des espaces prisonniers
Est-il donc si étonnant que cela que, dans ce pays très conservateur, dont les traditions monarchiques ont perduré bien au-delà des têtes coupées, la plupart des artistes dont les médias parlent soient des artistes officiels ? c’est-à -dire des artistes étant passé par toutes les étapes du circuit officiel, à savoir l’Ecole des Beaux-arts, l’obtention de séjours en résidence, puis d’ateliers-logements, la demande de subventions octroyées par le Ministère et enfin l’achat d’oeuvres par ce même Ministère ? Ce que l’on pourrait appeler des artistes ayant montré patte blanche ?
Non, cela n’est pas étonnant car
Qui a peur souhaite être rassuré
Et il est rassurant de savoir que ces artistes doivent tout à l’Etat.
Ce sont ces mêmes artistes qui finissent par représenter la France lors d’expositions internationales et prestigieuses. Pouë t Pouë t .
Il n’y a pas d’espaces vides
Il n’y a que des espaces prisonniers
L’essence même du mouvement des artistes-squatteurs est de libérer les espaces prisonniers, en y instaurant un mode d’organisation nouveau et révolutionnaire. Le mouvement des artistes-squatteurs est un mouvement armé. De mots, de couleurs, de supports, de formes, de sueur, de larmes, de silences. Et de rien d’autre .C’est un mouvement vulnérable, hissé par des vulnérables. Au service de tous. En quoi est-il révolutionnaire ? Tout simplement parce qu’il se propose de faire tout le contraire de ce que font les institutions : là où elles s’acharnent à tout séparer, ici le lieu de résidence, là le lieu de création, ailleurs le lieu de monstration, plus loin encore le lieu de diffusion, le mouvement des artistes-squatteurs s’acharne à tout réunir : et c’est pourquoi les squarts ne sont ni des lieux de résidence, ni des lieux de création, ni des lieux de monstration, ni des lieux de diffusion mais tout cela à la fois et beaucoup plus encore. Gratuitement.
Squatter ne sera jamais un droit , mais
Squatter sera toujours un devoir .
Car la liberté est un devoir. Surtout quand la démocratie échange, en croyant récupérer une plus-value, Partage et Fécondité contre Confort et Sécurité. Et qu’elle ne peut plus déployer d’autre horizon que « 1984  ».
Il n’y a pas d’espaces vides
Il n’y a que des espaces prisonniers.
2ème manifeste de l’Internationale Squattiste.
Anonyme.
A traduire dans toutes les langues.
A piller de toute urgence, de toute éternité.
Faire circuler, ça porte bonheur.