Le sommet de 1994 a été le théâtre d’une nouvelle manifestation. La raison en est cette fois-ci la présence du président mexicain Carlos Salinas, hôte apprécié de Klaus Schwab jusqu’à ce qu’il s’exile honteusement, craignant une inculpation pour corruption. Mais en 1994 Salinas fait encore figure d’enfant modèle de l’école néo-libérale. C’est sous sa présidence que l’accord de libre-échange ALENA, entré en vigueur le 1er janvier 1994, a été négocié. L’ALENA qui fait la part belle aux multinationales a notamment été élaboré à Davos. Dans l’Etat mexicain du Chiapas, l’accord de libre-échange est la goutte qui fait déborder le vase. Les populations indigènes ralliées au zapatisme, aujourd’hui encore insurgées, se soulèvent, inspirant et redonnant par là -même du courage à de nombreux mouvement sociaux à travers le monde.
En automne 1997 se crée en Suisse la Coordination anti-OMC avec pour but de mener des actions de protestation contre la deuxième rencontre interministérielle de l’OMC à Genève en mai 1998 afin de porter à la lumière du jour cette structure de pouvoir. La campagne contre l’OMC mènera finalement à Davos en janvier 1999 où le directeur général de l’OMC est bien sà »r présent. Depuis lors il n’y a plus eu de rencontre annuelle du l’OMC sans manifestations.
Depuis, la critique ne s’exerce plus contre tel ou tel hôte de Klaus Schwab mais contre l’OMC en tant qu’institution élitaire qui planifie la globalisation capitaliste. Elle rassemble les hommes (les femmes n’y sont qu’une infime minorité) les plus puissants de la politique et de l’économie derrière des portes closes, afin qu’ils puissent faire affaire et décider de la marche du monde.
Chaque année, et jusqu’en 2003, le nombre d’organisations appelant à manifester augmente. Des quelques douzaines de manifestant-e-s encerclé-e-s par les flics en 1999 on est passé à plusieurs milliers qui se sont mis-e-s en route pour Davos malgré les interdictions répétées de manifester.
les ONGs réunies au sein du "Public Eye on Davos" ou Attac avec son "Autre Davos" ont dans un premier temps préféré organiser des colloques montrant en cela qu’ils/elles sont responsables et citoyen-ne-s. En 2001 est créé le Forum social mondial (FSM) de Porto Alegre qui se tient aux mêmes dates que le sommet de l’OMC de Davos. Dès le début, le FSM, créé par la mouvance sociale-démocrate du mouvement, est considérée comme un interlocuteur valable pour l’OMC. Ses porte-paroles autoproclamés ne tardent pas à le démontrer avec l’organisation d’un duplex avec des participant-e-s au Sommet de Davos, ce qui provoquera tollé et raillerie chez les franches radicales des activistes et manifestant-e-s.
Des actions spectaculaires de sabotage sont menées pour inquiéter l’OMC et démontrer si besoin était la diversité du mouvement. Ainsi par exemple, des individus se sont introduits dans le serveur du WEF et ont rendu publiques les données - adresses, numéro de téléphone, de compte bancaire, etc. - concernant les participants à l’OMC. Des sabotages ont également été perpétrés contre les installations électriques de Davos et le réseau téléphonique. L’échec de cette stratégie leur est apparu au plus tard lors du WEF 01 alors que les forces de police et l’armée ont occupé toute la région pour empêcher les manifestant-e-s de se rendre à Davos. Des milliers de manifestant-e-s répondirent en bloquant l’autoroute et les voies ferrées. De retour à Zurich les manifestant-e-s ont été accueilli-e-s à coup de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène par une police momentanément débordée. Le résultat en a été une nuit d’émeute, des dégâts matériels et une polémique ouverte entre les autorités grisonnes et zurichoises. Un oeil crevé par balle en caoutchouc tiré à bout portant, malheureusement aussi. Les autorités grisonnes mandatèrent Peter Arbenz afin qu’il enquête sur les ratés de la stratégie adoptée. Il en sortit un rapport de 300 pages qui proposait de diviser le mouvement et d’intégrer la partie modérée à un dialogue.
En réponse, est créé, toujours en 2001,l’Alliance d’Olten, une plateforme presque contre-nature regroupant des libertaires, anarchistes et autres radicaux, l’extrême-gauche, des chrétien-ne-s, mais aussi des sociaux-démocrates ou des réformistes radicaux, etc. Cela permis, dumoins dans la forme, de garder le mouvement plus ou moins unis malgré toutes sortes de bisbrouilles idéologiques.
Ce sera le début d’une répression soutenue, d’année en année. En effet, les évènements de Gènes et du 11 septembre ne sont pas loin.
En 2002, le sommet de Davos se tient à ... New york. Les raisons divergent de part et d’autre. Du côté des tyrans, on martèle que le sommet se passera à New-york "pour dire que la ville n’est pas morte" ou quelque chose comme ça... alors que du côté des anti-omc, c’est la pseudo euphorie, arguant que Davos (la suisse ?) n’est plus un endroit où les tyrans sont les bienvenus. Pour enfoncer le clou, "l’Autre Davos" désire organiser son contre-sommet, ben... à Davos, libérant ainsi la ville...
2003 marque un tournant dans la stratégie policière, et dans la politique de communication des tyrans de l’OMC, qui se sont jusque là toujours considéré comme de "good guys" ne devant rendre de compte à personne. Depuis, on ne peut pas dire que l’OMC soit plus "ouverte", mais un peu moins muette, moins "secrète"... 2003 fut également un tournant dans la stratégie policière. Fort des enseignements de 2001, et bien décidé à ne plus se laisser aller à des débordements, les forces de police décident donc de diviser les contestataires en "bon-ne-s" et "mauvais-e-s" manifestant-e-s et d’installer un dispositif de contrôle jamais vu en Suisse. Est donc décidé d’autoriser la manifestation à Davos (pour la premièrte fois), mais d’installer des postes de contrôle dignent de check point israélien, dans les gares de Fidéris et de Landquart, aux abords de Davos et des frontières. [plus d’infos] L’alliance d’Olten refusera cette intimidation, et au moins la moitié des personnes désirant se rendre à Davos passeront (3000 personnes ?) passeront leur journée dans le froid, l’attente et les gaz lacrymogène, que ce soit dans les gares de fidéris ou landquart, ou alors des étranger-e-s bloqué-e-s aux frontières, italienne notamment. Et à Davos, seules 2000 personnes, dont beaucoup étaient des militant-e-s du PS Suisse (parti qui n’avait même pas appelé à manifester). Voir à ce sujet, la polémique entre le PSS et l’alliance d’Olten. Voir aussi le communiqué de presse de l’A d’O. La police étaient également bien disposée à empêcher les blocages autoroutiers. Toutes ces frustrations et humiliations ont entr’autre donné lieu à des émeutes à berne pendant une partie de la nuit du 25 janvier.
La stratégie policière en 2004 a sensiblement changée mais entends bien marqué un grand coup et dégoà »ter, humilier et détruire un maximum de protestataires La mobilisation anti-Davos a ainsi cette année considérablement marqué le pas par rapport à celle de l’an dernier, seules les franges les plus déterminées du mouvement continuent à aller manifester, ayant encore le courage de se déplacer dans cet enfer sécuritaire. Cet enfer sécuritaire c’est 6500 militaires et 1500 policiers, probablement autant, si pas plus de manifestant-e-s. Suite, probablement, aux casses de l’année dernière, plus question de manifester à Davos. La manif légale se déroule à Coire, Plus de 3000 personnes manifestent dans la joie et l’allègresse (selon des statistiques approxymatives, moins de la moitié de participant-e-s par rapport à l’année dernière), la présence policière est inexistante. En effet, ces fins stratèges pensaient qu’en laissant la ville sans effectif policier, ces abrutis de noglobal allaient tout détruire. Mais il n’en a rien été. Seulement voilà , le piège était déjà tendu à Landquart, sur le chemin du retour. En effet, la ligne de chemin de fer est bloquée par des grillages, et des dizaines et dizaine de flics cernent la gare pour arrêter les méchant-e-s manifestant-e-s qui auraient mis Coire à feu et à sang. Les autorités ont bien essayer de faire croire à des activistes alémaniques qui auraient bloqué le train pour l’empêcher de redémarrer. La réalité est tout autre, et cette version a été démentie assez rapidement. Les 1500 participant-e-s revenant de Coire en train ont passé une après-midi et une partie de la soirée parqué-e-s dans la gare. celles et ceux qui voulaient se réchauffer dans le train ont été mis dehors à coups de matraques et de bombes lacrymogènes tirées dans leur pied. A la fin de journée,
Inutile de dire que pour 2005, l’euphorie, voir l’arrogance de mouvement anti-wef est un peu retombé. En 2003, certains composants étaient quasi persuadé que ce serait le dernier sommet de l’OMC. Il n’en est rien. Suite aux évènements de landquart l’année dernière, l’alliance d’Olten semblent avoir implosé, chacun-e rejetant la responsabilité sur l’autre concernant la répression. Cette année, seule une petite manifestation est prévue à Coire. Elle s’est passée aujourd’hui et a mobilisée entre 300 et 400 personnes. Toutes les manifestations, forums et conférences sont interdites dans les centre-ville...
Des actions et forums seraient cependant prévus à davos entre le 26 et le 29, ainsi qu’une grande manifestation à Bâle le 29 janvier. Nous verrons si le mouvement pourra conjurer le mauvais sort et retrouver un second souffle.
© copyleft. Dossier réalisé à l’aide de diverses sources échantillonées et/ou réinterprétées.
http://www.dissident-media.org/page_centrale/davos_2003.html
http://switzerland.indymedia.org/fr/2003/01/2752.shtml
http://squat.net/contre-attaque/davos03/
http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/free/wef/davos2001/appelwef.htm
http://www.maghreb-observateur.qc.ca/arch2001/Mars2001/le_duel_davos.htm