La prohibition participe d’une logique impérialiste qui sanctionne des produits essentiellement fabriqués dans le tiers-monde, tout en abreuvant les populations locales d’alcool [1]. La prohibition fonctionne à bien des niveaux comme le capitalisme, dans une logique erronée d’offre démesurée et de demande forcée, de marchandises surproduites et surconsommées.
Le même phénomène se reproduit d’ailleurs avec nos drogues culturellement acceptées. L’alcool, les benzodiazépines et autres tranquillisants dont la dépendance est reconnue, sont assimilés par une certaine couche de la société (qui directement ou indirectement en tire profit), alors qu’ils en déstabilisent une autre.
En d’autres termes, les substances prohibées (ou non) sont globalement intégrées dans une culture capitaliste de "classe contre classe". En effet, si les drogues sont synonymes de plaisir, de délectation, voire d’épanouissement poue des personnes bénéficiant d’une cohésion familiale, d’un accès à la culture et de perspectives d’avenir, ces mêmes drogues constituent un risque réel pour les couches sociales moins favorisées.
Les progressistes, au-delà de toute bioéthique, doivent prendre position pour la légalisation afin que ces produits sortent de la logique maffieuse TOUT EN N’ENTRANT PAS DANS LA LOGIQUE "DE MARCHE" QUI NE DIFFERE QUE TRES PARTIELLEMENT DE LA PREMIERE.
Le cannabis, que beaucoup maintenant distinguent comme une "drogue douce" [2], est entré dans une première phase de déprohibition. Beaucoup s’accordent sur le fait qu’il faut en dépénaliser la détention et l’usage, mais concernant la production et la distribution, c’est le total flou.
Ce phénomène de fausse détente ddans certaines villes du pays s’explique probablement par l’augmentation simultanée de la pauvreté et la consommation de drogues "dures" dans certains quatiers.
Une vaste machine de répression policière mobilisant un effectif éloquent a été mise en place [4] il y a quelques années dans l’espoir de "nettoyer" les quartiers de la drogue. Le flic harcèlera plus le junkie - ou le supposé tel - que le fumeur de cannabis. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir des fumeurs de joints cyniques, méprisants envers les "toxs".
Devant ce genre de dérive "d’appréciation", il nous semble important de ne plus diviser les consommateurs de psychotropes. En effet, tolérer l’usage du cannabis à l’exclusion des autres drogues trendrait à amplifier la ghettoïsation des autres toxicomanes.
Nouvelle race de parasite urbain, le "tox" désigne essentiellement le 1/4-monde.
L’impuissance manifestée par les pouvoirs publics face à des drogues plus compulsives telles que l’héroïune engendre une violence toute particulière. A ce sujet, les dérives des Contrats de sécurité [5] révélées l’année dernière sont très éloquents : "C’est à peine si les ministres de la Santé publique et de l’Aide sociale, tant fédéraux que régionaux, ont été mis au courant de la manière dont M. Toback entendait collaborer médecins, thérapeutes, psychiatres et assistants sociaux à "lutte contre le crime et la toxicomanie". (...) La politque du minstre de l’intérieur installe des confusions entre les secteurs répressifs et préventifs" [6]