Communiqué à l’attention du consul du Mexique à Liège
Liège, le 30 octobre 2006.
Monsieur M. Jean-Marie ROBERTI,
Consul honoraire du Mexique pour la Province de Liège,
43, Rue des Vieilles Terres
4032 Chênée.
Monsieur,
Ce 27 octobre, des paramilitaires du gouverneur de Oaxaca, Ulises Ruiz, ont tiré sur les barricades de l’APPO (Assemblée Populaire de Peuple de Oaxaca), laquelle se bat depuis cinq mois contre les injustices du gouvernement local. Des fusillades se sont déroulées dans l’avenue de Ferrocarriles, de Santa LucÃa del Camino et dans l’agence municipale de Coyotepec, dans la banlieue d’Oaxaca. Au cours d’un de ces affrontements, ils ont assassiné Bradley Will, journaliste membre d’Indymedia, citoyen des États-Unis et blessèrent plus de 6 compañeros. L’APPO informe également, à travers Radio Universidad, de la mort d’un autre enseignant et de près de 20 blessés par balle ou arme blanche.
La journée du 29 octobre fut également sanglante avec l’entrée de la police fédérale préventive dans la ville d’Oaxaca. On dénombre au moins deux morts dont un enfant de 12 ans.
Ces lâches agressions armées contre le peuple d’Oaxaca ne laissent aucun doute que le criminel Ulises Ruiz doit immédiatement abandonner son poste, il n’y a pas d’autre solution ni de discours qui vaille.
Nous exigeons, parla présente le renvoi immédiat du criminel Ulises Ruiz, son châtiment et celui de ses complices et en soutien de l’APPO.
CZI - Liège & Indymedia Liège.
http://liege.indymedia.org
vous pouvez également envoyé une lettre de protestation à l’ambassade du Mexique :
Fax : + 32 2 646 8768
E-Mail : embamexbelgica-ue@skynet.be
Communiqué sur l’action contre l’ambassade du Mexique à Bxl
20 novembre 2006
Aujourd’hui à 17h a lieu un rassemblement devant l’ambassade du Mexique à Bruxelles. Les participants à ce rassemblement veulent attirer l’attention sur la situation dans l’Etat d’Oaxaca et manifester leur désapprobation quant à la manière dont les autorités politique mexicaines interviennent dans ce conflit social.
Depuis le mois de mai, l’Etat d’Oaxaca au connaît un mouvement social de grande ampleur. Parti d’une revendication des professeurs sur leurs conditions salariales et de travail, le mouvement s’est étendu à l’ensemble des associations et mouvements de l’Etat. Des manifestations de près d’un million de personnes ont eu lieu à Oaxaca, ville de 300.000 habitants.
En réponse, Ulisses Ruiz, le gouverneur de l’Etat, a envoyé ses paramilitaires pour réprimer le mouvement : assassinats, enlèvements, et agressions contre la population. Ces méthodes, indignes d’un Etat se présentant comme une démocratie, n’ont pas fait taire les manifestants, réunis dans l’Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca (APPO). La ville est contrôlée et gérée par l’APPO depuis le mois de juin. Constatant que la situation ne se débloquait pas, le pouvoir fédéral mexicain a envoyé fin octobre plusieurs milliers de policiers pour "rétablir l’ordre". Cette intervention a entraîné des affrontements violents. L’APPO et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme font état d’un recours systématique à la torture physique et psychologique contre les manifestants arrêtés, et dénoncent les collusions entre les paramilitaires et les pouvoirs politiques, ainsi que l’impunité accordée aux assassins de manifestants (dont plusieurs ont pourtant été formellement identifiés).
Alors que les autorités ont affirmé qu’elles allaient satisfaire les revendications des professeurs, l’APPO exige toujours la démission du gouverneur-assassin Ruiz et s’attelle à rédaction d’une nouvelle constitution remettant le peuple au centre du processus politique et mettant fin à un système basé sur les assassinats et la torture, sur les collusions mafieuses entre politiques et paramilitaire, et sur une justice corrompue.
Les interventions des paramilitaires de Ruiz et de la police fédérale ont fait plus de 15 morts depuis juin, des centaines de blessés et plusieurs dizaines de "disparus". Des manifestations de soutien à l’APPO ont eu lieu partout au Mexique, et des actions de protestation contre les ambassades mexicaines ont eu lieu dans de nombreux pays (USA, Canada, Espagne, Grande-Bretagne, France, ... ).
Les participants au rassemblement d’aujourd’hui à Bruxelles déclarent leur solidarité avec les peuples d’Oaxaca, et demandent à l’Etat mexicain :
d’arrêter la répression et les tortures contre la population d’Oaxaca,
de libérer tous les prisonniers politiques et les "disparus",
de mettre fin à l’impunité des criminels.
Nous tenons aussi à dénoncer le black-out médiatique sur les événements d’Oaxaca. Alors que ce conflit dure depuis 5 mois et secoue tout le Mexique, les grands médias belges et étrangers n’ont pratiquement pas couvert le sujet. Les rares articles et reportages sur le sujet étaient des résumés bâclés de dépêches faisant la part belle au discours, pour le moins biaisé, des autorités mexicaines (à l’exception notable d’un article dans "Le Soir" du 14 novembre).
Nous nous interrogeons sur ce formatage de l’information et sur cette absence de suivi d’un mouvement social d’une telle importance. Il est vrai que ce mouvement remet radicalement en cause le mode d’organisation politique et le système économique dominant, aussi bien en Amérique Latine qu’en Europe. Devons-nous comprendre que c’est là que le bât blesse ? Le processus d’uniformisation de l’information dans les organes de presse n’est pas un phénomène nouveau, il est cependant inquiétant de constater que le pluralisme des médiums d’information ne débouche que rarement sur un pluralisme des sujets traités.