Réunis pour cette rencontre européenne en solidarité avec les zapatistes d’individus et collectifs provenant de l’État espagnol, de Suisse, de Grèce, d’Italie, de Belgique, d’Allemagne, du Danemark et de France, nous souhaitons exprimer notre soutien aux compañer@s zapatistes et à tous ceux qui luttent et résistent au Mexique :
Aux bases de soutien zapatistes du Chiapas qui depuis 1994 développent leur autonomie politique, éducative, sanitaire, économique et judiciaire.
Aux hommes et femmes de l’Autre Campagne, aux communautés indiennes, aux quartiers et aux voisinages qui luttent chaque jour pour résister aux attaques capitalistes et construire un autre monde, comme le font par exemple le Réseau national de résistance civile au hauts tarifs d’électricité et les Électriciens en lutte.
À tous les prisonniers de conscience du Mexique et en particulier ceux
d’Atenco, du Chiapas, d’Oaxaca, du District fédéral, de l’État de Mexico
et du Guerrero.
Aux défenseurs des droits humains qui dénoncent la répression de ceux qui luttent comme le font entre autres les centres des droits humains "FrayBa" et celui de la Montagne Tlachinollan.
Nous voulons aussi dénoncer :
La répression des gouvernements contre les bases de soutien zapatistes et contre tous ceux qui luttent pour la dignité comme les cas de San Sebastián Bachajón, d’Acteal et du quartier occupé de Tampico.
Les tentatives de spoliation des terres et des espaces collectifs des
compañer@s, communautés indiennes, villages, quartiers, voisinages et
barricades de tout le Mexique comme, entre autres, le cas de
l’amphithéâtre occupé "Che" à l’UNAM.
La guerre de basse intensité exercée par les paramilitaires, les
militaires, la police, les entreprises capitalistes, en particulier au
Chiapas, comme à Mitziton, San Sebastián Bachajon et Jotolá avec le projet touristique San Cristobal-Palenque.
Les gouvernements municipaux, des États et fédéral, et leurs plans de
mort : tourisme, "développement", plan Mérida…
La militarisation croissante sous prétexte de lutte contre le narcotrafic.
Les féminicides et toutes les violences de genre, comme par exemple Ã
Ciudad Juarez.
Compañer@s, pour unir nos cœurs et tenter de construire cette autre géographie antisystémique qui rejette les frontières et dans laquelle nous nous sentons proches de vous, nous aimerions vous parler un peu de ce que nous vivons en Europe et de ce que nous avons partagé durant cette rencontre. Parce que ici aussi on fait la guerre aux pauvres, aux "étrangers", à ceux qui résistent aux intérêts des multinationales, on fait la guerre à ceux qui luttent pour la dignité et l’autonomie, à ceux qui veulent rester libres et humains.
Les collectifs et individus de cette assemblée sont engagés et/ou solidaires entre autres avec :
Les migrants mal appelés par les gouvernements "sans-papiers", qui
luttent pour une vie digne en Europe. Alors qu’aujourd’hui les
marchandises des capitalistes circulent chaque fois plus librement, les
frontières existent plus que jamais pour les humains : à Calais, cela
provoque l’expulsion et la persécution de milliers de migrants qui
espèrent entrer en Grande-Bretagne. Si nous sommes pour la libre
circulation et le droit de vivre où l’on veut, nous soulignons que la
grande majorité de ceux qui migrent le font pour des raisons économiques.
Le capitalisme pousse des millions de personnes hors de leurs lieux de vie
et de leurs familles pour chercher une forme de survie, avant de les
criminaliser pour leur imposer les pires conditions de travail. Durant
cette rencontre, des compañer@s travailleurs sans papiers en grève sur un
chantier de tramway à la porte des Lilas (Paris) sont venus partager avec
nous leur lutte contre cette exploitation. Ils forment partie d’un
mouvement d’environ 7 000 travailleurs migrants (sans-papiers) en grève
depuis la mi-octobre 2009 pour obtenir la reconnaissance de pouvoir
travailler et vivre dignement en France. Ainsi nous participons et
soutenons les mouvements sociaux en faveur des "sans-papiers", des
personnes réfugiées et des personnes détenues le temps de leur demande
d’asile.
Ceux qui luttent pour se décoloniser du système économique et politique
à travers des expériences de récupération d’espaces d’autonomie comme les
maisons occupées et les centres sociaux autogérés en Italie, en Suisse et
dans toute l’Europe ou le réseau "la Galice ne se vend pas" qui mène une
lutte pour "la vie et la terre digne pour tous" sur les terres de Galice.
Les tentatives d’autonomie économique et de formes de travail et de
logement alternatif, par exemple la diffusion du café zapatiste au travers
de réseaux solidaires en profitant pour diffuser la lutte zapatiste ;
également les projets en cours de coopératives autogérées, imprimeries,
restaurants, notamment en Allemagne.
Tous ceux qui se rebellent contre ce système de mort comme l’ont fait
les jeunes en France en 2005 ou en Grèce depuis janvier 2008. La révolte
grecque n’est pas un moment déjà dépassé ; ce n’est pas un passé mais un
futur pour notre Europe, l’Europe qui résiste.
Nous souhaitons aussi dénoncer :
L’expulsion de tous les espaces où on se réunit, on discute, on lutte,
on vit et où cherchent à se développer des pensées différentes de celles
du système, c’est-à -dire de tous les espaces culturels et sociaux
autogérés dans tous les pays européens comme le cas du siège de la
coordination des intermittents et précaires à Paris, menacée d’expulsion.
En plus, ces expulsions permettent de vider les centres des villes au
bénéfice des riches et du tourisme ("gentryfication").
Le contrôle social des États à travers la surveillance des rues, des
espaces publics, des réseaux téléphoniques et Internet, et de la
population en général à la ville et à la campagne. Certaines fois les
États ont même pris des mesures de guerre contre leur population, comme
l’état d’exception décrété en Grèce fin 2009.
L’augmentation des contrôles et des fouilles arbitraires ainsi que les
constantes persécutions à caractère raciste de personnes à l’apparence non
européenne. Les États se sont toujours servis du colonialisme et de la
migration pour s’enrichir et pour manipuler et écraser les pauvres en les
opposant les uns contre les autres. Un exemple de cette situation est
survenu à Rosarno, en Italie, la semaine passée avec une claire attaque
contre la population migrante.
Les traques, détentions et expulsions de migrants, en particulier de
sans-papiers ; par exemple à Montreuil on expulse les Roms sous le
prétexte de salubrité et dans toute l’Europe ils sont pourchassés pour
leur différence. Prochainement en France seront jugés aussi dix migrants
accusés de l’incendie d’un centre de rétention durant une révolte. Dans
les centres de rétention de l’espace Schengen, tous les jours des gens
meurent suite à un suicide ou suite à des agressions ou des carences
d’attention médicale.
La participation des États et de l’Union européenne dans les guerres
coloniales (Afghanistan, Irak, Afrique...).
Ici comme là -bas nous réclamons
UN AUTRE MONDE QUI RASSEMBLE TOUS LES MONDES EN BAS ET À GAUCHE
LA LIBERTÉ ET LA JUSTICE POUR TOUS LES PRISONNIERS qui résistent dans les prisons des États
L’ARRÊT DU HARCÈLEMENT ET DES EXPULSIONS DES TERRES, DES ESPACES AUTONOMES ET DES LOGEMENTS
L’ARRÊT DES PROJETS NÉOLIBÉRAUX INTERNATIONAUX qui veulent s’approprier les ressources de l’humanité et saccager la planète
À BAS LES MURS DES CENTRES DE RÉTENTION ET LES FRONTIÈRES !
VIVE LA VIE, À MORT LA MORT !
Depuis La Parole errante, Montreuil, ville de la banlieue est de Paris, France.
Assemblée ouverte. Rencontre européenne d’individus collectifs solidaires avec les zapatistes, France, janvier 2010.